De l’infantilisation des utilisateurs et de l’importance du logiciel libre sur le bureau.

Récemment, l’aperçu d’une fonctionnalité du futur OS d’Apple, 10.8 alias Mountain Lion a fait couler de l’encre numérique.

En effet, une énorme nouveauté est apparue : gatekeeper, qu’on peut traduire par gardien, mais qui serait plus au final un douanier.

En liaison avec le magasin d’applications d’Apple, cela permettra d’être tranquille : on pourra soit utiliser uniquement des applications en provenance du magasin d’applications d’Apple, soit les applications en provenance du magasin d’applications d’Apple et de développeurs autorisés, soit – et c’est le comportement actuel, de partout, et même des sites officiels des logiciels.

Tristan Nitot sur son blog a parlé en terme clair de ce douanier. Je cite la conclusion de l’article :

Au final, Apple joue sur la peur des utilisateurs et l’envie des développeurs d’utiliser des fonctionnalités innovantes pour gagner encore plus de contrôle sur son écosystème, aux dépends des utilisateurs. Je pense que c’est un modèle de société qui est à l’opposé de ce que je souhaite : je préfère la liberté et le désordre occasionnel à l’ordre parfait.

On pourrait se dire : c’est le patron de Mozilla Europe, qui produit un navigateur concurrent à Safari, donc il casse l’idée d’Apple.

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Une distribution GNU/Linux communautaire est-elle condamnée à court terme ?

Dans le petit monde des distributions GNU/Linux, très peu sont adossées à des entreprises, source importante plus ou moins assurée de revenus. Je citerais : Red Hat Entreprise Linux (et sa version grand public, la Fedora Linux, plus communautaire), Ubuntu (financée par Canonical), OpenSuSE (financée par Novell). Et puis, sauf erreur de ma part, c’est tout.

3 distributions (4 en comptant Fedora Linux), adossées à des entreprises, donc censées avoir les reins plus solides. J’aurais bien cité Mandriva, mais celle-ci – malheureusement – empeste une odeur persistante de sapin verni

Donc, si on prend le top 10 des distributions listées sur Distrowatch – oui, je sais, ça vaut pas grand chose, mais déjà, cela donne une idée de la répartition des distributions auprès des personnes l’utilisant pour une utilisation de GNU/Linux sur le bureau), à savoir, en ce début janvier 2012 :

  1. Linux Mint
  2. Ubuntu
  3. Fedora Linux
  4. OpenSuSE
  5. Debian GNU/Linux
  6. ArchLinux
  7. CentOS
  8. PCLinuxOS
  9. Puppy
  10. Mageia

Mis à part Ubuntu, Fedora Linux (indirectement) et OpenSuSE, le reste est occupé par des distributions communautaires ou de type communautaire. D’ailleurs, cette année, la distribution communautaire ArchLinux fête ses 10 ans, Debian GNU/Linux ses… 19 ans ! CentOS ? 8 ans cette année.

Il ne faut pas oublier que sans le projet communautaire Debian GNU/Linux, et sa branche de developpement Sid / Unstable, la distribution qui a monopolisé la première place du top 10 Distrowatch durant plusieurs années (en gros de 2007 à fin 2011) sans interruption n’aurait pas eu à se mettre grand chose sous la souris.

Il est vrai que la position acquise au fur et à mesure des années par la distribution « commerciale » – par opposition aux distributions communautaires – de Canonical l’a rendu incontournable au point de voir fleurir chaque semaine ou presque une version dérivée ayant eu une destinée plus ou moins glorieuse.

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Oui, je suis un « tipiak », et pourtant j’achète de la culture. Etonnant, non ?

J’ai longuement réfléchi avant de me mettre à rédiger ce billet. Peut-on avouer publiquement que l’on a copié illicitement de la musique et des films ? Et que sans cette action de copie illicite, je n’aurais surement jamais découvert de nombreux albums ni de nombreux films ? Et que ma culture s’en serait appauvrie ? Oui, on peut le dire et on doit le dire.

Alors que la toute (im)puissante Hadopi (12 millions d’euros pour permettre à des rentes de situations de continuer à exister) menace à tout va sans aller plus loin pour le moment, qu’un site russe montre l’hypocrisie des arcanes du pouvoir et des industries culturelles dans ce domaine, je vais vous dresser la liste des oeuvres que j’ai pu écouter en utilisant l’offre illicite qui a au moins un mérite : être facilement utilisable, ne pas être castrée par les DRMs, bref de pouvoir propager la culture sans discrimination financière, ni technique.

Pour la musique, que j’ai acheté par la suite, donc le « un téléchargement = une vente perdue » est un mensonge grossier et éhonté des dinosaures. Et c’est une liste loin d’être exhaustive…

  • Les 6 premiers albums de Black Sabbath
  • Une partie de la discographie d’Ozzy Osbourne
  • Les albums studio de Pink Floyd de « The Pipper at the Gate of Dawn » jusqu’à « The Wall » inclus. Pour « Ummagumma » et « The Wall », ce sont les versions vinyls.
  • Mono, groupe japonais, inconnu du grand public mais qui pond de la musique de qualité
  • Barclay James Harvest, des débuts jusqu’aux années 1980-1982
  • Led Zeppelin, que je ne connaissais que grâce à « Starway to Heaven » et « Kashmir »
  • L’intégrale de Nine Inch Nails, n’ayant découvert le groupe qu’avec la sortie de Ghosts I-IV. J’ai payé un des albums, le « Halo 4 » quelque 25 € ! Pour le DVD de Broken et le double DVD « Closure », ils n’ont jamais été sorti officiellement, mais publié sur ThePirateBay par un certain seed0… Qui ne serait qu’un certain… Trent Reznor !
  • Dead Can Dance, l’intégrale bien qu’une amie m’a fait découvrir le groupe un jour, je crois me souvenir avec leur live « Toward The Within »
  • Portishead et le projet solo de Beth Gibbons

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Et si la chance de GNU/Linux était d’être un marché de niche ?

Depuis des années, la part de marché de Linux sur le bureau est d’un petit pourcent, bon an mal an.

Et quand on voit l’explosion de la population internaute, on se dit que ce petit pourcent, cela fait – si on prend une population internaute de 2 milliards d’individus – 20 millions de personnes. Pour donner un ordre d’idée, cela fait 1/3 de la population française métropolitaine.

Evidemment, on est loin des 10% d’utilisateurs de MacOS, et des 89% restants utilisant (de plein gré, par ignorance ou par peur d’être paumé) différentes versions de MS Windows, plus ou moins incompatibles entre elles, en fonction des caprices de Microsoft.

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C’est bien connu, Stallman est un c*****d, mais terriblement visionnaire.

Stallman est connu pour ses propos acerbes, parfois mal interprété par des fanboys qui ne comprennent pas que tout le monde ne succombe pas au culte de la personnalité de certains génies du commerce.

Cependant, un article sur Numerama nous fait part d’un projet de notre ancienne ministre de la Culture, celle qui avait porté la loi Hadopi à bout de bras. Sa dernière idée en date : faire payer un droit de lecture pour lire des livres électroniques

Je cite l’article de Numerama :

Et bien pouvoir aller dans une librairie, acheter un bouquin, et que le libraire vous dise, je ne sais pas, que pour trois euros de plus « vous pouvez avoir la version numérique, et puis cet auteur a fait un autre bouquin que l’on ne trouve qu’en numérique, vous pouvez aussi le trouver sur cette borne… ». Sachant que finalement vous achetez un droit de lecture, France Télécom Orange étant un tiers de confiance, étant celui qui va gérer votre droit de lecture, vous retrouvez beaucoup de vocations de France Télécom Orange : la capacité d’innovation, la sécurité, la pérennité,… et là je trouve que l’opérateur est complètement dans son rôle.

Cela me fait me souvenir d’un texte paru en anglais en 1997, du c*****d (pour reprendre les termes de commentaires de personnes très tolérantes sur un certain site dont j’ai parlé dans un autre billet), « Le Droit de Lire ».

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La prison dorée fruitée : tout cela pour l’image de marque qu’on en retire?

Les produits de la firme fruitée sont de bonne qualité, et joue sur l’image de marque pour attirer les utilisateurs, les enfermant ensuite dans une prison dorée un écosystème informatique assez resseré.

Il est vrai que ce sont des produits au design léché, mais parfois moins complet que la concurrence en terme de formats supportés, et surtout, ils imposent – sauf à faire des manipulations (du doux nom de jailbreak, littéralement évasion de prison) dont le résultat est assez aléatoire – de passer par un fournisseur exclusif : iTunes.

Et comme iTunes sur MS-Windows n’est pas vraiment séduisant, c’est une incitation à passer à l’étape suivante : acheter l’ordinateur Mac qui propose l’environnement avec un iTunes potable. L’iPhone comme l’iPod sont ce qu’on dénomme en économie des produits d’appel (luxueux dans ce cas).

J’ai eu à une époque le duo ordinateur Apple (mac mini première génération) et un iPod (le shuffle première génération aussi).

Les deux me forçait à utiliser iTunes pour que je sois tranquille pour gérer ma musique.

Et à l’époque de mon utilisation, je n’y voyais aucun inconvénient. Il suffit de jeter un oeil aux archives du blog entre septembre 2005 et mai 2006.

Les deux ont ensuite claqués en l’espace de quelques semaines. D’abord l’ordinateur – une mauvaise série surement – puis le baladeur peu de temps après. Deux mauvaises séries, ça fait un peu beaucoup dans l’histoire.

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HP et sa tablette à 99$ / 99€ : la fin des tablettes chères ?

Depuis que HP a annoncé en fanfare qu’il se recentrait sur son coeur de métier (imprimantes, scanner et compagnie), sa division tablette solde les stocks en les vendant à un prix plus qu’intéressant : à partir de 99$ / 99€…

Il n’est pas difficile d’imaginer la ruée sur les tablettes en question.

Mais surtout, cela a montré, « un peu à l’absurde », que les tablettes sont vendues largement plus chères que leur vrai coût, par exemple avec la tablette phare, l’iPad 2, vendu à 489€ en entrée de gamme… Et qu’elle ne revient qu’à 326$, soit 228,49€ au moment où je rédige cette article. En dehors du logiciel, qui ne doit pas couter quand même autant, voire plus que le matériel en lui-même… Du moins, faut espérer…

Et pour 489€, on a souvent un bon portable – donc avec un clavier – chose qui manque cruellement à une tablette.

Comme l’a mentionné Cyrille Borne dans un de ses excellents articles, si les tablettes sont à la mode, elles sont largement inférieur à un portable, ne serait que par l’absence de clavier, de souris. Car le tout tactile, c’est bien beau, mais cela a ses limites. Faire une lettre sur un écran tactile, je n’imagine pas le temps que cela doit prendre.

Je pense que sur certains plans, mon vieux portable de près de 3 ans (un Acer 5520, 3 Go de mémoire, 160Go de disque) doit être plus puissant qu’un iPad, ne serait que coté capacité de stockage.

Les tablettes ? Un gadget pour les personnes allergiques aux claviers et autres souris. Bref, un marché de niche qui reproduira celui des netbooks qui sont vraiment trop chers pour leur puissance…

Google veut-il responsabiliser les utilisateurs de son réseau social ?

Utilisateur de Google+, le réseau social de Google depuis quelques jours, j’ai appris à apprécier sa simplicité d’utilisation, sa légèreté, sa possibilité de gérer finement les contacts en utilisant les cercles.

Une volonté de Google de « responsabiliser » les utilisateurs fait du bruit sur la toile : vous devez utiliser votre vraie identité, sinon vous êtes éjecté.

En dehors du besoin des personnes de devoir échanger de manière anonyme (cf l’internet en Chine, en Iran et autres régimes ultra-démocratiques sur la planète), cette volonté de forcer les utilisateurs à ne pas tricher sur leur identité est une bonne chose.

Car si on est sur Facebook, on ne compte plus les comptes en plusieurs exemplaires pour la même personne. Et combien de ces comptes sont des faux ? La moitié ? Plus ?

Sur Google Plus, il y a déjà un compte ouvert au nom d’un certain président de la République, des comptes ouverts au nom de l’artiste savonette actuel (vous savez, celui qui a perdu je ne sais combien de suiveurs sur twitter en changeant de coupe de cheveux).

Evidemment, les pollueurs risquent d’être éjecter, et ce n’est pas un mal. Maintenant, il faut prendre en ligne de mire la volonté – facile à deviner – de Google d’avoir un réseau social qui n’est pas pourri par les faux comptes.

Enfin, on verra si Google Plus va souffrir ou au contraire s’épanouir avec cette décision.

Assiste-t-on à un murissement du marché des distributions GNU/Linux ?

Quand j’ai commencé à ce blog, il y a 5 ans et 9 mois environ, le nombre de distributions GNU/Linux vraiment différentes étaient intéressantes ; En septembre 2005, j’avais des distributions à base de paquets .deb (avant l’offensive *buntu), d’autres à bases de rpms, des distributions avec des formats de paquets exotiques, comme la feu nasgaïa, des distributions en meta-sources, d’autres copiant la hiérarchie windowsienne (GoboLinux), etc…

Cependant, depuis quelques mois, pour ne pas dire une grosse année, le choix s’est appauvri. On ne compte plus le nombre de ubuntu-like qui souvent n’ont changé qu’un ou deux logiciels / thèmes, les dérivées de la Fedora qui souvent rajoute des logiciels non libre par défaut.

Si on prend le top 10 actuel de distrowatch en cette fin juin 2010 :

  1. Ubuntu
  2. Linux Mint (ubuntu like)
  3. Fedora
  4. Debian, la mère d’Ubuntu sur certains plans
  5. OpenSuSE
  6. ArchLinux
  7. PCLinuxOS (mélange de Mandriva, Fedora et OpenSuSE)
  8. Puppy (basée sur Ubuntu, et largement dégraissée)
  9. CentOS (version libre de la RedHat Linux Entreprise)
  10. Sabayon (une gentoo pour humain)

Donc, 50% basé sur des paquets deb, 30% sur des paquets rpm, et les deux dernières sur des paquets tiers ou meta source.

Certains détracteurs disent qu’il y a des milliers de distributions linux… Mais combien de vraiment originale ? Pas grand monde…A noté l’absence dans le top 10 de grand noms, comme Gentoo, Mandriva, Slackware

Comme quoi le marché des distributions commence à murir, et même si un certain nombre de distributions dérivées d’Ubuntu sorte à chaque fois, rare sont celles qui arrivent à se démarquer vraiment…

Les distributions GNU/Linux doivent-elles se « dégeekiser » et devenir des « clones » de Microsoft Windows ?

Derrière ce titre un peu « violent » se cache une réflexion entamée suite à l’annonce de l’éjection de Synaptic de la future version de ce que les médias rendent synonyme de distributions GNU/Linux, j’ai nommé Ubuntu.

En effet, pour la version 11.10, Canonical a décidé de mettre de coté Synaptic au profit de son magasin d’applications.

Même s’il reste 4 mois, il sera difficile au magasin d’applications de proposer autant de puissance que l’outil synaptic, ne serait-ce qu’au niveau du choix de version, de la possibilité de revenir en arrière en cas de problème.

On sent l’envie de tenir l’utilisateur dans un rôle passif, celui d’un consommateur au lieu d’acteur de sa vie informatique.

Je sais que les distributions GNU/Linux ne représentent qu’un gros pourcent de la population des utilisateurs de machines de bureau, soit quelques dizaines de millions de personnes.

Que 99% des personnes qui utilisent l’informatique se contrefichent de l’OS qu’elles utilisent, ignorant même l’existence de cette notion, j’en ai conscience. Déjà que pour nombre de personnes, internet se résume à Google désormais, au lieu du bête e bleu sur leur écran…

Mais ce qui me fait peur, c’est de voir la tendance à trop simplifier les outils, et donc leur enlever ce qui fait leur force : être utilisable et non être de simple gadgets.

Mais à vouloir faire des outils trop simplifiés, on tombe automatiquement dans une complexité qui fragilise l’ensemble, ce qui est contraire à l’esprit des unix : un outil pour chaque tache, donc une simplification réelle de l’ensemble, même si on doit enchainer l’utilisation de trois ou quatre outils pour une action un peu complexe.

Si pour s’imposer un minimum, les distributions GNU/Linux doivent devenir des copies conformes de Microsoft Windows, alors, pourquoi utiliser une copie alors que l’original est vendu – illégalement (cf l’article L-122-1 du Code de la Consommation)  avec chaque machine ?

C’est vrai, pourquoi s’ennuyer à partitionner son disque – il faut donc aborder la notion de partition – et installer un chargeur de démarrage, alors que tout est déjà prêt à l’utilisation dès le premier branchement, sans oublier l’artillerie lourde qui mange plusieurs Go de disque…

C’est peut-être l’avis d’un c*****d de passionné d’informatique ici, mais si cette tendance se poursuit, ce sera l’effet inverse à celui escompté qui arrivera : une désertion d’utilisateurs potentiels qui continueront leurs courses à l’armement informatique pour envoyer des oiseaux percuter des cochons avec des machines dont la Nasa ne pouvait que rêver à l’époque de la conquête de la Lune.