Il y a un peu plus d’un an, je regardais dans ma boule de cristal informatique, pour donner mon point de vue sur ce que serait l’année 2013.
Et il y a une grosse quinzaine de jours, j’ai fait un bilan, qui n’était pas aussi mauvais que cela dans l’ensemble.
Voici donc le jeu habituel de fin d’années, qui est aussi fiable que les théories économiques actuelles le sont dans le domaine de la répartition des richesses produites.
Mes prédictions seront par ordre de pagaille, c’est encore le meilleur qui existe. Commençons par le côté économique de l’informatique.
Je pense que 2014 sera l’année qui verra la Bulle 2.0 se dégonfler. Les réseaux sociaux commencent à saturer. Surtout, il y a trop de réseaux sociaux. Ne parlons pas du fantomatique Diaspora*, ou de ce qui reste de MySpace, mais plutôt de l’éléphantesque Facebook, de Google Plus qui suit le même chemin.
Coté réseaux sociaux professionnels, il faut sortir la carte bleue pour la moindre option intéressante. Si je suis présent sur Linked In et Viadeo, c’est par pure exhaustivité, et rien d’autre au final.
Une purge va mécaniquement se produire. Surtout quand on voit les sommes folles dépensées pour racheter des boites qui ne font aucun bénéfice réel.
L’année 2014 risque d’être intéressante et de montrer que la valeur des données sur les réseaux est toute relative.
Passons maintenant à une partie plus intéressante, le panier de crabe…euh, je voulais dire les distributions GNU/Linux 😉
Non, 2014 ne sera pas l’année du desktop linux. Pas plus que l’on été les années qui ont précédées. Comme je le pensais, le fiasco de MS-Windows 8.0 n’a profité qu’à deux acteurs : MS-Windows 7 et Apple. Les guerres intestines entre les distributions GNU/linux n’ont aidé en rien, et ont attiré les utilisateurs à la marge.
Sur les distributions qui auront du mal à voir vivante la fin de l’année 2014, je pense qu’OpenMandriva fera partie du lot. La sortie aux forceps de sa version 2013.0 n’est pas un très bon signe.
2014, comme 2013 sera une année qui verra continuer la lente montée en puissance des distributions basées sur Archlinux. Manjaro Linux a été clairement une valeur sûre en 2013. 2014 sera une année charnière, et surtout l’arrivée de la version 0.8.9 en mars prochain sera à surveiller. En effet, le support de l’UEFI et donc de son corollaire GPT sera disponible avec l’installateur graphique.
Je pense aussi que l’on verra une grande curée qui se fera au niveau des distributions basées sur Ubuntu. Au 26 décembre, si on en croit l’index de distrowatch (une des seules sources d’informations à peu près fiable sur le site), il n’y a pas moins de 77 distributions vivantes basées sur Ubuntu (en comptant bien sûr Ubuntu dans le lot).
En gros, cela représente 26,01% des distributions vivantes actuellement listée sur Distrowatch… Qui a dit sur-représentation ? 😀
Ce qui nous amène à parler de la Linux Mint. Je ne reviendrais pas sur l’erreur stratégique de laisser pourrir la LMDE.
Une autre erreur à terme est, selon moi, la lente transformation de Cinnamon en environnement de bureau complet. Car si on sort les outils de Gnome, comme Totem, Brasero ou encore Rhythmbox et Gedit, Cinnamon est bien vide.
La Linux Mint qui maintient le gestionnaire de fenêtre (Cinnamon) et le gestionnaire de fichiers (Nemo dérivé de Nautilus), pourra-t-elle créer des propres versions de ses logiciels, quitte à prendre les outils Gnome pour les transformer à sa sauce ? Et surtout est-ce souhaitable et viable à long terme ? Je me le demande vraiment.
Continuons avec les environnements proposés par la Linux Mint. Mate Desktop n’a sorti qu’une version majeure cette année, la version 1.6 et sa révision 1.6.1.
Le développement est très lent. Peut-être est-ce dû à la difficulté de migrer le code développé pour Gtk2 vers gtk3 ? Etant donné que c’est un des points forts du futur Mate Desktop 1.8…
A moins que Mate Desktop ne suive la voie choisie par les équipes de Lxde et RazorQt pour fonder le projet LxQt ?
En tout cas, je pense que 2014 sera une année charnière pour Mate Desktop : ça passe ou ça casse. C’est aussi simple que cela.
Dans les distributions à surveiller l’année prochaine, en dehors de la Manjaro Linux, je citerais une autre distribution qui m’a fait une très bonne impression, et qui se tourne vers le phénomène de mode des Rolling Releases (si tant est que les deux distributions GNU/Linux principale en RR existent au moins depuis l’an 2000/2001 pour Gentoo et 2002 pour Archlinux, soit une douzaine d’années au minimum, plutôt longue comme mode), c’est la Void Linux.
Oui, elle est très peu conviviale à installer, mais sa puissance est liée à cette absence d’installateur graphique ou d’outils pour gérer graphiquement les logiciels. En tout cas, le test que j’en avais fait en septembre 2013 me fait dire qu’elle sera à surveiller du coin de l’oeil 😉
Pour finir, parlons du gadget polluant et irréparable, j’ai nommé la tablette tactile. Les prix se sont effondrés, et deux acteurs dominent le marché : Apple et Google. Microsoft ramasse quelques miettes. En gros, la copie conforme du marchée des OS en téléphonie mobile.
Je ne pense pas qu’en 2014 de nouveaux entrants arriveront à changer la donne, spécialement pas Canonical et son ubuntu Touch. Pour deux raisons au moins :
- Le marché est vérouillé par une duopole qui accepte qu’un troisième ramasse les miettes.
- Peu ou pas d’applications pour l’Ubuntu Touch. Et ce n’est pas la schizophrénie de pouvoir lancer des applications pour Android qui arrangera la situation. Car on finit par oublier qu’il y a un deuxième OS et on reste sur celui qui est équipé en logiciels. Le cercle vicieux habituel : peu d’applications, donc pourquoi lancer l’OS en question ? Ce qui entraine une part d’utilisation moindre, donc un attrait diminué pour créer des applications, etc.
Je peux me tromper, mais vu comment la concurrence s’est cassée les dents dans le domaine des interfaces tactiles pour téléphonie portable, pourquoi la situation serait différente pour les tablettes tactiles ?
Maintenant, il ne restera plus qu’à faire un premier bilan en juin 2014. Et je sens qu’il sera intéressant 😉
Bonjour (et bonnes fêtes!)
Je pense que tu oublies un point essentiel qui aidera peut-être à la progression de GNU/Linux: SteamOS
Qu’en penses-tu?
Timothée
Rien du tout. Largement trop frais pour se faire une opinion.
Pas d’avis non plus sur Firefox OS ?
Je crains qu’il soit encore trop petit et trop jeune pour influencer les choses. Cependant, il a une approche différente : uniquement du web, pas d’applications natives. On verra durant le courant de l’année.
Et Mageia dans tout ça ? En voilà une distribution tout à fait excellente sortie en Mai 2013 dans sa 3ème version pour qui ne veut pas suivre le chemin Ubuntu. Prochaine version en Février 2014.
En cherchant 30 secondes sur le blog, voici les principaux articles liés à la Mageia :
2013 :
https://blog.fredericbezies-ep.fr/?p=10422
https://blog.fredericbezies-ep.fr/?p=9667
https://blog.fredericbezies-ep.fr/?p=9654
2012 :
https://blog.fredericbezies-ep.fr/?p=9006
https://blog.fredericbezies-ep.fr/?p=7428
2011 :
https://blog.fredericbezies-ep.fr/?p=5829
Et pour ne citer que les principaux articles.
Ma remarque, c’était surtout concernant l’absence de citation de Mageia dans cet article de « prédications pour 2014 ».
Mageia ne fait pas assez parler de lui et se trouve sous l’écran radar ?
Il est vrai qu’il était cité dans vos prédictions 2013 : « Toujours dans le domaine des distributions Linux, je pense que Mageïa va prendre de l’assurance, et séduire de plus en plus. Quant à OpenMandriva, je suis pour l’euthanasie dans les cas désespérés comme celui-ci. »
C’est peut-être toujours valable pour 2014 cette prédiction 🙂
Mageia a réussi à s’en sortir.
https://blog.fredericbezies-ep.fr/?p=10613
« Mageia continue son bonhomme de chemin. Après une version 3 sortie en 2013, la version 4 est en béta actuellement. Et OpenMandriva (même si j’ai été un peu fort en parlant d’euthanasie active) continue à exister. Les bouchées doubles ont été mises, et la version 2013.0 est enfin sortie. Mais il faudra qu’elle fasse ses preuves. »
Et pour la conclusion, oui, c’est le cas. On verra bien, ce que l’on croit impossible arrive parfois 😉