Uumate, ou l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire ?

Dans un article récent, je parlais de la version presque béta 1 d’Ubuntu Mate 15.04. En décembre 2014, j’apprenais l’existence de la Uumate (rien à voir avec une marque de colle bien connue pour le début du nom), UUMate étant le nom résumé de la Updated Ubuntu Mate OS.

Après des tests préliminaires, j’avais été tellement dégoûté par le résultat que j’avais décidé, par pure charité, de ne pas faire d’article. Dans un post de mon fil google+, le 20 décembre 2014, je n’y allais pas avec le dos de la cuillère à pot, pour exprimer mon ras-le-bol du grand n’importe quoi qui règne par moment dans le logiciel libre :

Ayant atteint mon quota annuel d’articles #méchantfred , je vous laisse découvrir cette excrément canin informatique.

Guillaume Lamé s’y était collé, se récoltant une volée de bois vert de l’auteur de la distribution en question.

J’ai donc décidé de prendre le taureau par les cornes et récupéré l’ISO la plus récente disponible pour voir si les défauts trouvés Guillaume Lamé étaient toujours présent.

Une fois l’image ISO de 1,9 Go récupérée (soit plus du double de la Ubuntu Mate 14.10 officielle qui pèse 991 Mo), je l’ai lancé dans une machine VirtualBox.

Dès le démarrage, on est agressé par une boite de dialogue concernant l’intégration de dropbox dans Caja. Ensuite, on a droit à une présentation à la LinuxMint (en gros, on clone l’ergonomie générale de MS-Windows au lieu de respecter celle d’origine de Mate Desktop) et les icones Faenza. On échappe aux icones à la mode, c’est toujours ça de pris 😉

Coté consommation mémoire ? 367 Mo. De mémoire, on était dans les 290 Mo avec la Ubuntu Mate 15.04 presque béta 1 (cf la vidéo de l’article sur la Ubuntu 15.04 beta 1 aux alentours de 3 minutes). 77 Mo de plus avec une version stable, ça fait beaucoup quand même.

N’écoutant que mon courage, je lance l’installation.On est prévenu : c’est du lourd. 8,6 Go sont recommandés. Donc près de 2 Go de plus que pour une Ubuntu Mate classique.

Il y a une erreur à ne pas commettre, c’est celle de multiplier outre mesure les dépots tiers. Si on fait la liste des dépots listés dans /etc/apt/sources.list.d/ on en dénombre… 27 ! Autant jouer à la roulette russe avec un barillet contenant 5 balles. C’est moins douloureux. Mais j’en reparle dans la vidéo disponible un peu plus bas.

Côté équipement logiciels, on trouve tout et n’importe quoi. On trouve des outils redondants (le pire étant trois outils pour une même fonction), mais sous le prétexte de proposer le choix à l’utilisateur, on finit par se retrouver avec des menus à rallonges.

Après le premier démarrage, j’ai du combattre le bug des distributions basées sur Ubuntu lancées dans VirtualBox, la résolution écran minuscule. Au deuxième démarrage, j’ai dû faire installer une palanquée de mises à jour pour environ 175 Mo, dont une partie via des dépots non sécurisés.

Ce qui a entrainé au final l’installation de 280 Mo en ligne de commande pour pouvoir être certain que les mises à jour soient installées. Comment dire en restant sociable ? C’est quoi cette mouise ?

Ce que c’est bien pour rassurer les utilisateurs. Une fois celle-ci terminée, je me suis attaqué à l’enregistrement de la vidéo.

Par où commencer ? Par la surcharge pondérale logicielle ? Les attaques incessantes des boites de dialogues de l’intégration de Dropbox ? La liste de dépôts qui est tellement longue qu’on se demande comment fait la distribution pour ne pas vous exploser en pleine face ?

L’auteur a voulu bien faire en proposant beaucoup de choix, et à force de vouloir trop bien faire, on finit par mal faire. On arrive au terrible « trop de choix finit par tuer le choix. »

Il y a des incohérences, comme celle de proposer Google Chrome en béta. Je ne voudrais pas dire, mais ce n’est pas un peu irresponsable de proposer des versions bétas à des utilisateurs peu ou pas technophiles ?

Cette surcharge de logiciels me fait penser aux ordinateurs proposés dans les rayons des hypermarchés avec une logithèque conséquente pour simplifier la vie des utilisateurs peu plongés dans la technique mais qui transforme des lièvres en tortues, au point de proposer des logiciels comme l’adware Superfish sur les machines Lenovo.

Cette distribution GNU/Linux me fait penser à un proverbe : « Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Nous en avons sous les yeux un exemple parfait.

Je ne saurais donc trop vous conseiller de ne pas l’utiliser autrement qu’en machines virtuelles, mais vous êtes libre de le faire sur un vrai ordinateur après tout !

22 réflexions sur « Uumate, ou l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire ? »

  1. Je n’ai rien contre les dérivées quand elles apportent une valeur ajoutée, je trouve que par exemple, Netrunner apporte un plus à Kubuntu, la Voyager apporte un plus à Xubuntu, Peppermint aussi par rapport à Lubuntu.
    Mais là c’est vrai que c’est un peu gros quand même…

  2. Je ne connaissais pas « UuMate » (hou ! hou ! matée).
    On dirait la fille de la Cubuntu et de l’Australis.
    Si un jeune GNU/Linuxien a le malheur de la confondre avec la Ubuntu Mate, cette hou ! hou ! pourrait le dégoûter à jamais du logiciel libre.

  3. Ça fait quelques semaines que je suis ton blog, mais quelque chose m’intrigue. Je veux pas être méchant mais quel est l’intérêt de tester je ne sais combien de « forks » foireux d’Ubuntu (Fedora/Arch/…) avec un thème d’icône différent, un fond d’écran qui change ou avec un navigateur web alternatif ?
    Sachant que ce genre de distribution est souvent faite et maintenue à l’arrache par un seul gars qui abandonne l’idée au bout de 2 mois, autant installer une Ubuntu upstream et installer Mate et le thème de son choix, au moins les mises à jour suivront.

    1. Pour répondre à ta question, c’est pour parler d’un problème fondamental : la dispersion des ressources dans des projets qui ont une utilité toute relative 😉

      Pour ta remarque, je te dirais que bien qu’ubuntu soit devenu synonyme de distribution GNU/Linux, je ne considère pas qu’elle soit la réponse unique à apporter. Jette donc un oeil dans mes archives, et tu verras que j’ai parfois trouvé pire que la UUmate.

    2. Je pense que Fred veut faire en sorte que les mecs qui fumes on ne sait quoi arrètent de mettre en ligne leurs créations foireuses. Qui plus est si c’est éphémères ça n’apporte rien au monde du libre et linux.
      ha si dire au gens que linux est vraiment customisable et complexe finalement pour le commun des mortels.
      Si on faisait une distrib avec juste un logiciel pour chaque besoin, ça serait déja un grand pas.
      Chose que je viens de faire sur un netbook Samsung Q45.
      Arch+Plasma5 sans tout ce qui ne sert à rien.
      Mes Collègues du coup s’y interressent.
      Voila @pluche

  4. Bonjour Fred,
    C’est toujours un plaisir de lire tes articles (et de t’entendre raler également).
    Bon ce message n’a rien à voir avec l’article, je voulais te contacter mais impossible de trouver sur ton site un « contactez moi ».
    Je me demandais simplement si tu avais entendu parlé de la Linux lite os, et si tu avais prévu de faire un article dessus. Ensuite comme tu utilises pas mal de machines virtuelles je suis tombé sur ce site qui me semblait intéressant : http://www.osboxes.org/ (des machines virtuelles clef en main).
    Voila continue ton blog, qu’on puisse raler tous en coeur devant nos écrans.
    Cordialement,
    Seb

    1. Pour le « contactez-moi », colonne de gauche, « A propos de l’auteur » 🙂

      Linux Lite ? Je crois l’avoir récupéré par curiosité. Quant à un article, je t’avoue que j’ignore si j’en ferais un.

      Pour le site, j’avoue que je ne connaissais pas ! Merci pour le lien !

  5. À propos de UHU, c’est une entreprise allemande, en fait. Merci pour ce retour à l’époque du CP ou du CE1, quand j’en utilisais (soit entre 1990 et 1992)…

    La grande question qu’on peut se poser, c’est effectivement : pourquoi des logiciels en version bêta ? Les versions finales/stables n’existent pas encore (pourtant, Chrome est passé en 64 bits depuis la version 40, je crois, si c’est ça qui justifie la démarche) ou quoi ? Bon, LibreOffice, c’est généralement la dernière RC qui est « rebrandée » en tant que stable mais tout de même… Surtout pour une distribution censée être une version finalisée et non pas une bêta comme la Ubuntu MATE d’hier matin (où ce genre de chose aurait été compréhensible) !

    Quant à la surcharge… Oui, problème tristement commun chez Windows, où tu as 36 000 logiciels qui font souvent la même chose (de base, entre WordPad, Writer et Word, ça fait jusqu’à 3 traitements de textes) et que, forcément, il y en a plein qui serviront jamais et occuperont juste de la place inutile sur le disque dur. Et sans parler des crapwares préinstallés par le fabricant.

    1. Pour l’école primaire, il faut rajouter une dizaine d’années en ce qui me concerne 🙂

      Pour Chrome, le passage en 64 bits date au moins d’une bonne dizaine de versions en ce qui concerne le duo Linux / MacOS-X.

      Pour LibreOffice, il y a en moyenne 2 à 3 RCs pour chaque version. Autant je ne suis pas dérangé par l’utilisation d’un navigateur en pré-alpha (comme le Mozilla Firefox 39.0) compilé maison, autant je considère que la bureautique doit rester avec des versions qualifiées comme stabilisées par les codeurs.

      Quant au problème des doublons, triplons voire pire, c’est inhérent au logiciel, libre ou pas.

  6. 1,9Go, oui c’est lourd. Quand même loin des 4,1Go de l’énôrme PC-BSD !!! Pour ma part, en ce moment, test en dur de la dernière KaOs 2015-02, première version stable de KDE plasma 5.
    Utilisable, mais gourmand, jamais moins de 700 mo de ram utilisés, et ma carte graphique est à +10° par rapport à mes Debian Jessie XFCE ou Trinity. J’ai voulu tester Manjaro KDE, je ne suis pas arrivé à l’installer. Au reboot, kernel panic, par deux fois …

  7. La multiplication des dépôts n’est pas vraiment une bonne idée et on peut se demander le but de l’activation.
    Pour Bleachbit, je le trouve plutôt efficace pour faire un peu le ménage.
    A pluche.

  8. Frederic une nouvelle version de Kaos est sortis et elle embarque pas mal de nouveautés dont plasma 5 ainsi que calamares.

    vous devriez vraiment l’essayer je pense que vous allez l’adorer vu que c’est une distro qui correspond a votre vision de linux

      1. Non c’est pas du tout une ArchLinux , c’est du linux from scratch , la seule technologie qui vient de Arch c’est Pacman , elle utilise aussi d’autres technologies d’OpenSuse et de Fedora , donc elle est assez unique dans son genre , je t’invite a lire la FAQ http://kaosx.us/fr/faq/

        Le principale intérêt de la distro c’est son organisation et sa fiabilité , il n’y a que des paquets 64bits et pas un seul paquet 32 bits , et il n’y a aussi que kde et qt5 avec que des paquets fait pour fonctionner dans cet environnement la ,

        ce qui enlève tout le coté bordélique qu’on retrouve dans des distro qui contiennent des paquets multilib+différents environnement graphique+différentes librairies…etc

        1. Elle est pourtant proche d’Archlinux ne serait-ce que par l’utilisation de Pacman et des recettes PKGBUILD.

          J’ai lu la FAQ, et cela me fait penser un peu au projet Chakra dans la volonté de ne proposer que des outils en QT.

          Cependant, le coté « canada dry » dont je parle est lié à l’utilisation de technologies prévu pour Archlinux à l’origine. Et selon Allan McRae, une grosse partie du travail effectué en amont par ArchLinux est utilisé par KaOS : http://distrowatch.com/weekly.php?issue=20150126#comments

          Et je copie le commentaire en question :

          4 • KaOS and Distributions « Based » on Arch Linux (by Allan on 2015-01-26 05:24:44 GMT from Australia)
          Saying KaOS is not based on Arch, unlike Manjaro and Chakra is wrong.

          Manjaro uses the packages from Arch and adds some of its own. KaOS and Charkra use many PKGBUILDs from Arch and build their own binary packages from them, at least for the core of their system (I recognize the KaOS toolchain PKGBUILDs even with the maintainer lines stripped off…) . They also both add there own packages on top.

          Chakra used to be like Manjaro and use Arch binary packages, but that changed several years ago.

          Je pense qu’Allan McRae connait son travail dans ce domaine.

  9. Je suis du même avis que Fred concernant KaOs. J’aime bien cette distro, je l’ai testée plusieurs fois en KDE4 et je la teste actuellement
    en Kf5. La fondation est à mon avis totalement ArchLinux. Mais bon, pour l’apprécier, il faut quand même être assez fan de KDE …
    Je la trouve par contre très (trop) gourmande en ressources processeur/ram.

  10. J’ai bien aimé le « au moins on evite les icones a la mode »… et je suis de ton avis, les numix sont horrible et me font penser au icones avant xp…

    Pour la distribution, je reste a dire que la base ubuntu est bien meilleur…

    a pluche

Les commentaires sont fermés.