Un installateur graphique pour Archlinux : serpent de mer ou outil « contre nature » pour la distribution GNU/Linux ?

J’utilise depuis 2009 la distribution GNU/Linux Archlinux presque en continue sur mes ordinateurs successifs. Depuis presque aussi longtemps, j’entends la même rengaine : où est l’installateur graphique ? Ou sa variante : pourquoi y a pas d’installateur graphique ?

Il y a bien des projets développés pour Archlinux (comme cnchi d’Antergos, devenu Thus sous Manjaro Linux), Evo/Lution (bien que le projet semble se tourner vers un outil textuel comme celui qu’on peut avoir sous la vénérable Slackware Linux), ou encore Calamares (KaOS et Manjaro Linux) voire Tribe pour la Chakra Linux qui a coupé les ponts depuis quelques années avec la distribution qui l’a vu naître.

Cependant, et j’ai pu en avoir la preuve avec le port de cnchi utilisé par la KaOS lors d’un test que je lui avais accordé que ces outils sont vraiment tout sauf au point.

Outre le fait qu’il y a au moins trois projets concurrent pour proposer un installateur pour les distributions basées sur Archlinux, je pense que proposer un installateur graphique est un peu « contre nature » pour une distribution qui se veut KISS (« Keep It Simple Stupid » qu’on peut traduire de manière sociale par « Ne compliquons pas les choses »).

En effet, cela risque de tromper sur la vraie nature de la distribution qu’est Archlinux. Car la ligne de commande, et il faut l’admettre, est le fondement de la maintenance et de l’administration régulière d’une Archlinux.

Cela pourrait donc induire en erreur sur la vraie nature de la distribution et induire en erreurs les utilisateurs. Quand AIF a été enlevé en août 2012 (surtout suite à un manque de main d’oeuvre pour le maintenir en vie) et remplacé par des scripts d’installation, la bronca a été énorme.

Même si les scripts peuvent apparaitre comme intimidants, ils sont tout aussi puissants et pratiques pour installer la distribution qui est un grand jeu de Légo ou de Mécano (tout dépendant de votre niveau de connaissance en bricolage). On peut installer la distribution en tour de main ou presque. L’exemple en vidéo avec un petit défi que je m’étais lancé…

Cependant, il existe toujours des ISOs dites ArchBoot qui permettent d’installer la base d’Archlinux en mode semi-graphique en automatisant certaines tâches comme le partitionnement, l’installation du gestionnaire de démarrage ou encore en proposant une interface qui permet de configurer l’ensemble de la distribution sans oublier un fichier de configuration précis.

Car il ne faut pas s’y tromper, même Manjaro Linux qui est un peu l’Ubuntu d’Archlinux conseille de passer par la ligne de commande pour installer les packs de mises à jour hebdomadaires… Comme pour l’update pack 10 de la Manjaro 0.8.10.

D’ailleurs à chaque fil parlant des mises à jour pour les dépots testing (qui arrive une semaine ou deux après sur les dépots stables) sur le forum manjaro.fr la ligne de commande chaudement recommandée… L’exemple avec un fil de début octobre 2014.

Je rejoins l’avis d’un des mainteneurs d’Archlinux (qui s’occupe de KDE SC) sur les installateurs graphiques alors qu’il parlait d’Evo/lution justement qu’il semble apprécier :

BUT one thing must be clear, after the installation you are on your own and you have definitely learn how Arch Linux works. But if you need any help after the installation process, you can find all information in the wiki or in the forum of Arch Linux.

Ce qu’on peut traduire par :

Mais une chose doit être claire, après l’installation, vous êtes tout seul et vous devrez apprendre comment Arch Linux fonctionne. Mais si vous avez besoin d’aide après le processus d’installation, vous pouvez trouver toutes les informations sur le wiki ou le forum d’Arch Linux.

Et oui, il faudra lire de la documentation après l’installation de la distribution… Effroyable idée, non ?

8 réflexions sur « Un installateur graphique pour Archlinux : serpent de mer ou outil « contre nature » pour la distribution GNU/Linux ? »

  1. Il s’agit d’un CD-Live d’installation uniquement, et non de ceux qui permettent d’avoir une idée de la distribution complètement installée.
    Il permet quand même de voir si le hardware (carte graphique, ethernet, wifi) sont bien reconnus et fonctionnent normalement.
    Très bel outil

  2. Je ne trouve pas scandaleux qu’Archlinux n’est pas d’installateur graphique, après tout chacun fait fait son choix. Je me demande comment font les gestionnaires de serveurs sous Red Hat ou Debian car il y a des installateurs (texte parfois) et pourtant c’est la ligne de commandes qui est utilisée après.

    Comme dit dans un autre commentaire, je prône de toujours lire le manuel donc l’installateur ne change rien pour moi.

  3. Le script d’installation de Arch peut être intimidant, mais pour l’avoir pratiqué 3 ou 4 fois, ce n’est vraiment pas si sorcier, en suivant le guide.
    On crée ses partitions, on les monte là où on les veut, un coup de pacstrap, on génère le fstab, un coup de chroot pour finir les derniers détails comme le hostname et le passwd root, et on reboot.

    Et d’ailleurs ça donne une bonne habitude : rechercher dans le wiki arch, qui est une excellente ressource pour tout utilisateur de GNU/Linux,
    De plus, en théorie, on n’a besoin de passer par là qu’une seule fois, sauf si on est un horrible distro-hopper.

    Tout ça pour dire que je vois ces installeurs graphiques comme quelque chose de sans grand intérêt pour l’utilisateur averti, qui ne gagne pas tant de temps que ça à les utiliser, et quelque chose de potentiellement contre productif pour le néophyte, qui se retrouve avec une Arch sans être forcément bien préparé à l’entretenir, ou à identifier la source des problèmes qu’il va rencontrer.

    1. @Philippe
      Tu dis bien « pour l’avoir pratiqué 3 ou 4 fois », moi aussi : même une rolling, pour une raison ou une autre, et même en la sauvegardant avec clonezilla… , on finit par l’avoir réinstallé 3 ou 4 fois …
      D’où, effectivement, l’intérêt d’avoir compris avec une bonne install en texte, toutes les étapes, dont le Xorg, la Nvidia..
      Ça nous permettra de faire moins de bêtises quand on devra passer à Wayland (bientôt)

  4. J’ai rêvé ou tu l’avais déjà mis cette vidéo ?
    Toujours est-il que tu t’es bien débrouillé pour nous démontrer l’installation en moins d’une heure d’une ArchLinux.
    A pluche.

  5. L’installateur graphique est quand même bien pour ceux qui ont un pc portable avec Windows 8 secure boot, UEFI. Je n’aimerai pas perdre mes données en faisant une mauvaise manipulation de mes partitions. Surtout que je ne suis pas le seul à utiliser l’ordinateur.
    Et si je veux utiliser les derniers logiciels avec les derniers environements de bureaux (KDE 5 et GNOME 3… ), et bien antergos me semble la meilleur distribution ( archlinux facilement installable ).
    Par contre, pour l’installation classique d’Archlinux, je serais d’avis qu’ils automatisent au moins l’installation et la configuration des cartes réseaux ( wifi ).

    1. Le seul intérêt de la Antergos, c’est son installateur. Du moins, jusqu’à ce que Calamares soit stabilisé. Ensuite… Et pour le wifi, c’est le problème en effet. C’est pour cela que je fais toutes mes installations en filaire, quitte à configurer le wifi par la suite.

Les commentaires sont fermés.