Tiens, forker un logiciel libre uniquement car son nom n’est pas « bienveillant », ça ne fonctionne pas ?

On attribue la citation apocryphe suivante à Manon Roland quelques minutes avant qu’elle ne périsse sur l’échafaud de la guillotine en 1793 : « Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »

Je dirai pour la paraphraser, « Ô bienveillance, que de projets techniquement inutiles on lance en ton nom. »

C’est au nom d’une forme de bienveillance linguistique qu’en 2019, un groupe de personnes décida de prendre le code de l’éditeur d’images The Gimp et de le forker sous le prétexte que gimp en anglais signifie… boîteux !

Je vous renvoie à ce long commentaire d’un des codeurs de GIMP pour connaître les tenants et aboutissants. Fork agressif dès le départ alors que depuis 1995 (soit 24 ans au moment du fork) personne ne s’était plaint du nom, mais peu importe.

Ce qui compte, c’est que la roue du karma continue de tourner et j’ai appris via un article d’OMG Ubuntu qu’on m’a fait parvenir que le projet se mettait en pause pour une durée indéterminée.

Si on regarde sur le billet du blog qui explique l’arrêt, on peut se dire que le projet est bon pour le cimetière. En effet, on peut lire, entre autres qu’après avoir accusé le coronavirus (qui a bon dos ?!) que :

Our problem was not a lack of financial contributions or users, because the project was still growing in those areas. Our main issue was that we could not find contributors willing to step up and help with non-code tasks like moderating communication channels, triaging bugs, fixing packaging problems, working with the GNU Image Manipulation Program contributors, monitoring our social media accounts, running servers, testing/documenting new releases, and answering questions that users reached out to us with. As a result, we struggled to scale the project to match increasing demand.

Que l’on peut traduire par :

Notre problème n’était pas un manque de contributions financières ou d’utilisateurs, car le projet continuait à se développer dans ces domaines. Notre principal problème était que nous ne trouvions pas de contributeurs prêts à s’investir dans des tâches non codées comme la modération des canaux de communication, le triage des bogues, la correction des problèmes d’empaquetage, la collaboration avec les contributeurs du programme de manipulation d’images GNU, la surveillance de nos comptes de médias sociaux, le fonctionnement des serveurs, le test et la documentation des nouvelles versions, et la réponse aux questions des utilisateurs qui nous contactaient. En conséquence, nous avons eu du mal à faire évoluer le projet pour répondre à la demande croissante.

Mais aussi qu’après avoir clos les sources de financements, le code est archivé sur Github :

We are keen to ensure that we comply with the terms of the GNU GPLv3, so our modified source code will continue to be available for review on GitHub.

However, The issue tracker is currently only monitored to remove online trolling, and we are not accepting new pull requests for the time being. To assist our community, we have archived our GitHub repositories. You will still be able to clone, fork and review the code as you did before.

Existing and new installations should not be impacted by recent changes. If you have installed Glimpse as a Flatpak or Snap on Linux, the software is sandboxed from the rest of the system, so unless you want the features in newer releases of the GNU Image Manipulation Program, there is nothing preventing you from continuing to use Glimpse for as long as you wish.

We encourage Windows users, and any Linux or BSD users running externally-packaged versions of Glimpse, to switch to the GNU Image Manipulation Program for the time being. That ensures you are protected from any major security vulnerabilities discovered after this blog post was published.

Ce qu’on peut traduire par :

Nous tenons à nous assurer que nous respectons les termes de la licence GNU GPLv3, aussi notre code source modifié continuera-t-il à être disponible pour examen sur GitHub.

Cependant, le gestionnaire de problèmes n’est actuellement surveillé que pour supprimer les trolls en ligne, et nous n’acceptons pas de nouvelles demandes de modification pour le moment. Pour aider notre communauté, nous avons archivé nos dépôts GitHub. Vous serez toujours en mesure de cloner, de forker et de réviser le code comme vous le faisiez auparavant.

Les installations existantes et nouvelles ne devraient pas être affectées par les récents changements. Si vous avez installé Glimpse sous forme de Flatpak ou de Snap sur Linux, le logiciel est séparé du reste du système. Ainsi, à moins que vous ne souhaitiez bénéficier des fonctionnalités des versions plus récentes du programme de manipulation d’images GNU, rien ne vous empêche de continuer à utiliser Glimpse aussi longtemps que vous le souhaitez.

Parler de troll alors que leur fork a été agressif dès le départ, qu’ils ne trouvent plus personne pour les tâches moins glorieuses que le code… Comment dire ? Qui sème le vent récolte la tempête ?

Moralité de l’histoire ? si vous voyez un jour un projet qui forke un autre projet pour une raison autre que purement technique, fuyez. Ce serait perdre un temps précieux que d’y prêter attention.

En tout cas, voir ce que reste de l’équipe de Glimpse avaler un nid de couleuvres en orientant leurs quelques utilisateurs et utilisatrices vers Gimp est un plaisir de fin gourmet.

Méchant ? Non. Haineux ? Encore moins. Simplement satisfait de voir un projet forké pour une mauvaise raison disparaître.

9 réflexions sur « Tiens, forker un logiciel libre uniquement car son nom n’est pas « bienveillant », ça ne fonctionne pas ? »

  1. Je ne peux pas dire que je sois surpris…

    Mais bon hormis GIMP & Krita les alternatives sont pas terribles , j’avais essayer pinta mais le zoom déconne beaucoup surtout pour retoucher des pixel

  2. moi je n’utilise plus gimp.

    j’utilise ce site qui est beaucoup mieux.
    https://pixlr.com/fr/
    un logiciel de retouche d’image directement sur navigateur.

    Rien a installé.

    c’est vrai qu’a part gimp et krita, et encore krita est plus basé pour de la peinture.
    c’est comme les logiciels d’échecs. a part pychess qui tient à peu près la route, les autres son inexistant.

  3. Salut,
    PowerKéké …. à l’ÄttaaaaaaaqueeeeUUU !
    Je suis triste d’apprendre cette terrible nouvelle et de constater la mort dans l’âme que l’on ne verra jamais ce sÛperbe logiciel le ici : https://www.zdnet.fr/actualites/microsoft-build-2021-le-support-microsoft-pour-les-applications-gui-linux-sur-windows-10-arrive-39923337.htm?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter#xtor=123456

    Je suis inconsolable, je vais noyer de ce pas ma tristesse dans un milk-shake Calvados-chocolat … Ou p’être bien que je pousserais la porte de ce rade : https://www.youtube.com/watch?v=5oei50UsSW4 ça à l’air vachement sympa 🙂

  4. Hello,
    j’ai utilisé un peu Glimpse et j’avais cru à l’époque que l’idée principale derrière le fork venait plus d’un désir d’interface à fenêtre unique que d’une problématique de nom…

  5. J’avais surtout entendu l’histoire qu’au-delà d’être un terme dégradant, le mot « gimp » désignait aussi un accessoire utilisé dans le monde du sado-masochisme (et en l’occurrence, une cagoule en cuir sans trous pour les yeux).
    Enfin, dans les deux cas, ça ne semblait gêner personne depuis que le logiciel existe, donc bon…

    Pour l’interface à fenêtre unique, ça existe dans GIMP depuis au moins les versions 2.8, et c’est par défaut depuis le passage en 2.10. Pour que les auteurs de Glimpse aient mis ça en avant comme avantage sur GIMP, il leur fallait donc compter sur l’ignorance du public (ce qui en dit long sur la considération qu’ils avaient envers ce même public…).

    1. J’ignorais que gimp était aussi un terme pour désigner un accessoire sado-maso. Le fork a été agressif du début à la fin de son existence et comme je l’ai dit, voir ce nid de « progressiste » à la sauce SJW/Baizuo avaler un nid de couleuvres est un plaisir de fin gourmet.

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