2017, l’année du début de la fin pour les distributions GNU/Linux en 32 bits ?

Depuis le début de l’année 2016, les distributions GNU/Linux annoncent les unes après les autres qu’elles mettent de côté les architectures 32 bits. Que ce soit des distributions intimes comme la Frugalware Linux en novembre 2016, un projet en cours chez Canonical pour la Ubuntu 18.04 LTS dans un message de juin 2016, PCLinuxOS en mai 2016 via un tweet sur le compte twitter officiel de la distribution.

Les PC ne pouvant fonctionner qu’en 32 bits sont sur la lente pente descendante. Il faut se souvenir que les premiers processeurs 64 bits pour PC, cela remonte à septembre 2003, avec le premier AMD Athlon 64 à 1,8 Ghz (nom de code K8). Donc au moment où j’écris ce billet, cela fait plus de 13 ans. Et en informatique, 13 ans, c’est plus qu’énorme.

Pour mémoire, en 2003, c’était ça l’informatique :

  • MS-Windows XP avec son premier service pack… Le plus qu’attendu Service Pack 2 ne sortit qu’en 2004.
  • MacOS-X 10.3 alias Panther est rendu public.
  • Le noyau linux ? Le noyau 2.6.0 ne sort qu’en décembre 2003.
  • Mozilla Firefox n’est pas encore né. On parle encore de Mozilla Firebird 0.7.1 en fin 2003. Il faudra attendre le 9 novembre 2004 pour avoir Mozilla Firefox 1.0.
  • Ubuntu n’est pas encore de ce monde. Elle ne naîtra qu’un an plus tard. Tout le monde ne jure alors que par Debian GNU/Linux, Mandrake (Mandriva n’arrivera qu’en 2005), ou encore la Fedora Core.

À l’époque, j’avais de l’ADSL en 512 Kbps/s… Sacré claque, non ?

La dernière production massive de machines utilisant des CPU Intel en 32 bits, cela a été la grande époque des eeePC – en gros de 2007 à 2011 – et de leurs clones tués par les tablettes…

Sur mes 3 ordinateurs, un seul utilise une distribution 32 bits, c’est un vieil eeePC 1005HAG, handicapé équipé d’un processeur intel Atom N270.

Étant abonné à la liste de publication arch-dev-public, j’ai pu lire le brouillon d’une annonce qui sonne le glas pour le support 32 bits sous Archlinux.

On peut y lire principalement ceci :

i686 is dead, long live i686

Due to the decreasing popularity of i686 among the developers and the community, we have decided to phase out the support of this architecture.

The decision means that February ISO will be the last that allows to install 32 bit Arch Linux. The next 9 months are deprecation period, during which i686 will be still receiving upgraded packages. Starting from November 2017, packaging and repository tools will no longer require that from maintainers, effectively making i686 unsupported.

Ce qui donne traduit rapidement :

Le i686 est mort, vive le i686

En raison de la popularité décroissante du i686 parmi les développeurs et la communauté, nous avons décidé d’éliminer progressivement le support de cette architecture.

La décision prise est que l’image ISO de février ISO sera la dernière à permettre l’installation d’une Arch Linux 32 bits. Les 9 prochains mois sera la période de dépréciation, durant laquelle les i686 recevront toujours des paquets à jour. À partir de novembre 2017, les outils d’empaquetage et d’entreposage ne requieront plus des mainteneurs prennent en compte le i686, officialisant sa non prise en charge.

Je sais que cela va gueuler dans les chaumières, et l’on verra des personnes bien intentionnés hurler à s’en faire péter les cordes vocales que cela va entrainer une explosion de la pollution, que cela va encombrer les déchetteries.

Simple question que je leur poserai : combien de PCs datant d’avant 2003 – en dehors des netbooks à la eeePc – avez-vous croisé récemment ?

Est-ce que vos ordinateurs principaux ne sont pas plus récents ? Et donc, nativement en 64 bits ou en mesure de le supporter ?

Bien entendu, que cela me facilite le transit intestinal de savoir que mon eeePC ne sera plus supporté en novembre 2017. Je le migrerai donc vers une Debian GNU/Linux unstable, tant que Debian proposera un support du 32 bits. Sinon, j’y mettrai un OpenBSD 6.x le temps que la machine rende l’âme. Point barre. Je n’en défèquerai pas une cathédrale pour autant.

36 réflexions sur « 2017, l’année du début de la fin pour les distributions GNU/Linux en 32 bits ? »

  1. Ca va surtout gueuler pour les fans de Wine.
    Pour Skype le service web est assez performant pour se passer de l’application à mon avis.

      1. Le multilib sert surtout aux distros de pentest car de nombreux outils ne sont disponibles qu’en 32bits ou demandent des libs uniquement 32bits.
        Si le multilib est abandonné on pourra sans doute dire adieu au repo Archstrike (https://archstrike.org/) ou a des distribs comme BlackArch (https://blackarch.org/). Dommage, certes, mais pas dramatique.
        Pour un usage personnel je n’ai jamais eu besoin du multilib, et les distributions qui l’activent par défaut (typiquement Manjaro) ont tendance à m’énerver ^^

        Si ils virent le multilib ça m’en touchera une sans faire bouger l’autre, mais il semblerai que ce ne soit pas l’avis de la majorité 😀
        Tu as raison, même si c’est un peu des fous, je ne penses pas qu’ils iront taper dans le tas aussi violemment. Enfin… ils l’ont déjà fait de temps en temps (KDE remember) 😛

        1. Le multilib est pas prêt de disparaître. Je vous rappelle juste qu’un tas d’outils (proprios) sont en 32b (héritage de chez m$).
          À tout hasard ? Steam.
          Par contre arrêter de supporter le matériel 32b, c’est bien, ça nettoiera un peu le noyau (ou surtout les drivers) quand lui aussi fera le pas et ça alégera la tâche des mainteneurs.

    1. Tu arrive à avoir de la vidéo avec Skype web?

      J’ai passé l’ordinateur de ma copine sous Gnu/Linux et le point qui accroche c’est Skype. Les contacts et le chat fonctionnent, mais la vidéo.
      Elle menace périodiquement de tout lâcher pour Mac.

      1. Oui, j’y arrive, mais pas avec mon firefox « de navigation ».
        J’ai créé un profil juste pour Skype qui n’est pas en navigation privée, qui autorise les cookies tiers, etc… Bref tu as compris l’idée : le plus ouvert possible.
        Si vraiment ça ne marche pas pour elle tente de changer de navigateur.

        Et puis si elle veux claquer son fric dans un Mac bah… Grand bien lui fasse X’)

  2. Mon étrange netbook passe le 64bits… Parfois. Mon vieux fixe est un 64 bits et l autre vieux portable. Donc, cette fois, on peut enfin considérer que ça passe car les distributions 32bits resteront pour les archivistes.

    Bref, un non événement auquel on s’est habitué. Un peu plus que la fin du support physique ?

  3. Effectivement, je pense qu’il y a encore quelques machines en 32bits dont un portable chez moi qui tourne sous Debian, c’est vrai que cela va m’ennuyer mais il y a des choses plus graves que cela 😀
    A pluche.

  4. c’est ou je n’ai pas bien compris,
    sous linux nous avons :

    les lib 64 bits
    les lib multilib ( 32 et 64 bits ) ABI requis
    les lib 32 bits ( normalement un maximum devrait se trouver en version Multilib )

    Sous manjaro , pour Steam et cause de jeux et drivers vidéos 32 bits, on a 10% de lib en plus pour cause de 32 bits qui ne sont pas Multilib.

    Cela va changer avec Vulkan qui est 64 bits (faut encore attendre steam et les jeux, c’est pas pour tout de suite), mais pour les nouveaux jeux à venir, c’est inévitable.

    Enfin avoir des cartes-mères 32 bits avec processeurs 64 bits, posent aussi le souci de adressage des disque (lba) qui est 48 bits et va passer à 64 bits.

    Des trésors de bidouilles dans tous les sens ont été fait par tous ces constructeurs avec un bios EFI hybride, au point quasiment d’avoir des versions linux spécifiques pour ces petits processeurs type Celeron, Atom

    Les versions kernel 4.9 et 4.10 vont sûrement enterrer certaines choses aussi.

    Il restera bien sans quelques distributions pour le 32 bits uniquement, sans trop d’évolution

    ps : mon dernier ordi bureau 64 bits est le macpro 2008, seul les G5 ont été les 1er powerppc 64 bits ( avant tous était 32 bits)

  5. Il arrive un moment où il faut faire de choix… qu’est-ce qui est plus important? Supporter des antiquités ou suivre les évolutions actuelles et à venir?
    La fin du support 32-bit permettra sans doute de libérer du temps pour d’autres tâches nécessaires. Celles et ceux qui gueulent devraient y songer un peu…

  6. Je comprends parfaitement l’intérêt. À un moment, il faut lâcher les vieux machins. Comme lorsque Linux a abandonné le 386.

    Pour ma part mon ordi de tous les jours est un T60 en 32 bits. C’est lent, mais ça marche! Je l’utiliserais jusqu’à sa mort, qui sera dans longtemps grâce au 2 autres T60 qui attendent de donner leurs pièces. Vive l’utilisation au maximum de nos machines.

    J’imagine qu’à un moment je serais forcé de passer sur BSD…

  7. C’est bien dommage. Mon portable de 2006 fonctionne très bien mais il n’est pas compatible 64 bits. Je devrai donc le jeter d’ici peu.
    Mais bon, c’est la société de consommation 🙂
    Le recyclage de vieux PC pour des associations qui n’ont besoin que d’un navigateur Web et d’une suite bureautique ne pourra plus se faire. Même si ça consomme plus de courant, au moins, le matériel durait 🙂

    1. Le jeter ? Vraiment ? Il n’existe plus de distributions qui se sont spécialisés dans les ordinosaures ? 🙂

      La société de consommation ou simplement l’évolution technique ? Comme je l’ai rappelé, les premiers CPU x86_64, c’est septembre 2003. 13 ans et demi, donc.

      Il faut savoir dire adieu à du vieux matos, même s’il y a encore des fanatiques qui développent pour les C64 et les Amstrad CPC en 2016.

      Il ne faut pas se cacher les yeux. Les pentiums de première génération, il en reste combien en vie ? Idem pour les MMX, les Pro, les II, III et les chaudières alias Pentium IV ?

      Mon PC actuel, c’est un semi-ordinosaure qui date de mi-2010 et qui a du mal à se réveiller certains matins un peu froid. Je crains le passage à la génération de l’UEFI, aussi bien pour l’installation que pour mon portefeuille. Mais je serai obligé d’y passer un jour ou l’autre. J’espère que ce sera le plus tard possible pour le moment.

      1. Frédo, certes c’est important de rappeler que les premiers CPU x86_64, c’est septembre 2003. Mais c’est aussi important de rappeler la date de la dernière production de CPU 32 bits et malheureusement ce n’est pas en 2003 mais bien plus tard.
        Il reste beaucoup de pcs de moins de 10 ans qui sont uniquement 32 bits et pas que des eeepcs.
        Par exemple tous ceux à base d’Atom d’Intel vendus entre 2008 et 2011, c’était des pcs bas de gamme vendus en grande quantité.
        En revanche AMD a joué le jeu, ils n’ont plus fabriqué de 32 bits depuis 2004.

        De toutes façons debian continuera le support pendant encore 10 ans, ce qui laissera le temps au matériel 32 bits de tomber en panne.

        1. Il reste beaucoup de pcs de moins de 10 ans qui sont uniquement 32 bits et pas que des eeepcs.
          Par exemple tous ceux à base d’Atom d’Intel vendus entre 2008 et 2011, c’était des pcs bas de gamme vendus en grande quantité.

          Je les avais oublié ceux-ci. Mea culpa.

          De toutes façons debian continuera le support pendant encore 10 ans, ce qui laissera le temps au matériel 32 bits de tomber en panne.

          10 ans ? Donc en gros jusqu’en 2027 ? Si on dépasse 2022, on pourra s’estimer heureux.

    2. @Adrien : Sur la vie entière d’un appareil, la consommation à l’usage doit représenter 20% de toute l’énergie utilisée pour un ordi, donc la surconsommation d’un vieux PC est un goutte d’eau par rapport à l’énergie nécessaire à la fabrication d’un nouveau PC. Je compte bien utiliser encore quelques années mon vieux PC de 12 ans d’âge pour de la bureautique et du surf, ce qu’il fait encore très bien.

  8. Ce que je trouve un peu dommage c’est qu’installer une distro 64 bits sur un pc avec 2G de ram c’est du gâchis mais on peut comprendre que les mainteneurs n’en veulent plus du 32 bits si moins de 4g de ram devient si minoritaire.

  9. Je vais me faire l’avocat du diable pour quelques lignes. Une des principales forces (autoproclamée) de Linux est sa capacité de tourner sur des ordinosaures. Ce ne sera donc plus le cas pour les distributions dont tu parles (je pense à Lubuntu ou Arch par exemple qui faisaient parfaitement tourner mon eeepc 1005). C’est dommage de perdre cette possibilité, même si je comprends que le double support 32/64 bits est une charge de travail supplémentaire pour les développeurs.

    Je pousse même le vice plus loin (Frédéric, ne vous fachez pas 😀 ), même Windows 10 propose le support 32 bits…

    Merci à toi Frédéric pour ce blog. Je suis loin d’être tout le temps en accord aces tes avis et tes analyses, mais la passion transpire de chacun de tes articles et c’est la plus belle qualité que peut avoir un site web.

    PS : je viens de me rendre compte que mon eeepc 1005 PE sur lequel j’ai installé il y a un mois un ubuntu server pour héberger des applications web maison supporte le 64 bits… ^^

    PPS : est-il envisageable que les futurs noyaux Linxu eux-même ne supportent plus le 32 bits à terme, et si oui, à quelle date?

    1. Les installations Win10 en 32 bits, c’est quelle part des installations ? Un gros quart en comptant large ?

      PS : je viens de me rendre compte que mon eeepc 1005 PE sur lequel j’ai installé il y a un mois un ubuntu server pour héberger des applications web maison supporte le 64 bits… ^^

      Tu as de la chance 🙂

      PPS : est-il envisageable que les futurs noyaux Linxu eux-même ne supportent plus le 32 bits à terme, et si oui, à quelle date?

      D’ici 5 à 10 ans ? Les CPU 32 bits ont déjà leur date de péremption : le 19 janvier 2038.

  10. Je dirais que ça me fout un peu dans la merde car je garde de vieux ordinossaures qui fonctionnent tous encore tres bien, bref, je ne les mettrais plus a jour et c’est tout!

    Ce qui me ferait le plus chier c’est de ne plus avoir acces a mes vieux jeux, qui eux tournent principalement en 32 par emulation, que ce soit des jeux windows ou amstrad, ou encore d’autres emulateurs… Voila, si on garde encore la possibilité d’émuler ça me fera pas plus d’effet que ça.

    Debian va abandonner le i386 mais pas les autres, pour le moment je n’ai rien vu de telle sur leur site.

  11. Je viens de voir quelques subtilités.
    Une grande partie des eeePC ont des cpus 64 bits mais asus les brident dans le bios.
    Par exemple le eeePC 1025c a un cpu Intel Atom N2800 qui a les instructions 64 bits
    https://ark.intel.com/fr/products/58917/Intel-Atom-Processor-N2800-1M-Cache-1_86-GHz
    mais asus les a désactivés dans le bios, du coup certains se plaignent et hackent le bios pour retirer la désactivation et ça marche :
    https://www.bios-mods.com/forum/Thread-REQUEST-Asus-eeepc-1025C

    On est dans un flagrant délit d’obsolescence programmée de la part d’asus.
    Maintenant que l’obsolescence programmée est un délit (quand elle est prouvée), il y a de quoi leur faire un procès.

    Malheureusement pour ton eeePC 1005HAG, c’est un cpu 32 bits et il n’y a rien à faire :
    https://ark.intel.com/fr/products/36331/Intel-Atom-Processor-N270-512K-Cache-1_60-GHz-533-MHz-FSB

  12. On pourra toujours faire marcher nos vieilles chaudières Pentium 4 en socket 478 et nos netbooks avec SliTaz, qui supporte encore les processeurs non-PAE.
    C’est le genre de distribution à remettre sur le devant de la scène, d’autant que les contributions manquent : paquets non mis à jour, doc vieillissante, logiciels manquants, une version 5.0 qui tarde à passer en stable.
    On a quand même le dernier Firefox qui marche bien et des performances sympas. De plus c’est une excellente école pour apprendre.
    C’est vrai qu’après en Debian pour avoir de la performance, les adeptes du Kiss (pas les extrémistes !) ou les curieux pourront se tourner vers BunsenLabs ou AntiX.
    À ce sujet, je suis déjà intervenu dans les commentaires, j’en profite pour donner des nouvelles : Crunchbang ++ est oubliée, et BL s’est rapidement imposé : on a des ISOs depuis un peu plus d’un an, tout marche depuis les RCs. La communauté est plus restreinte mais se porte bien. La distribution n’a pas la même popularité que #! (le temps et les machines changent), malgré les améliorations apportées pour configurer plus facilement tint2 et conky. Dernièrement le script de post-installation a été épuré au profit des pipemenus. Les standards de Debian sont bien respectés (contrairement à SolydX/K sur http redir et les sources.list…), c’est propre.
    BL fournit un minimum fonctionnel, après les gens en font ce qu’ils veulent et partagent.
    De mon côté je travail toujours sur un script de francisation – dans les pas d’arpinux dont je reprend ce qu’il avait fait à l’époque de crunchbang-fr.org -, et aussi un notifieur de MÀJ qui pèse trois fois rien, et ça dans le but que ça soit un peu plus accessible à ceux qui voudraient s’y mettre, qu’on soit un peu plus nombreux en utilisateurs francophones, même si la communauté n’a pas vocation à se disperser en dehors du forum anglophone.
    Je prends mon temps et j’apprends. (Qui m’aime me suive.)

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