Il y a dans le domaine des distributions GNU/Linux basée sur la compilation de code source deux principaux noms qui viennent à l’esprit : Gentoo Linux et sa « cousine », la Funtoo Linux, pour rester dans les distributions GNU/Linux utilisables.
J’ai voulu savoir quelle était la distribution la plus « fraiche » en terme de logiciels disponibles. J’avais déjà installé la Funtoo Linux avec Gnome et sans systemd en décembre 2014. Pour cet article, j’ai décidé de suivre le protocole suivant :
- Une installation en suivant le guide proposé scrupuleusement par les mainteneurs.
- Installer Xfce (et ses greffons) avec Mozilla Firefox, Abiword, Gnumeric, Quodlibet, Gnome-Mplayer, Evince, gThumb et le thème d’icones Tango. Je n’avais pas envie de me supporter la compilation de WebKitGTK qui demande plusieurs heures de compilation, même sur mon vrai ordinateur. Quant à LibreOffice, c’est 6 bonnes heures de compilation sur ma vraie machine !
- Chaque distribution utilise la même machine virtuelle : 2 Go de mémoire vive, 2 CPUs virtuels, 128 Go de disque virtuel.
J’ai voulu reproduire au mieux l’environnement que j’utilise quotidiennement avec mon ArchLinux sauf que je n’ai pas fait compiler Shotwell (qui nécessite WebKitGTK), Mozilla Thunderbird (remplacé par Claws Mail) et LibreOffice. Sans oublier qu’il n’y a pas de partition séparée pour les données des utilisateurs.
Commençons par le commencement, et donc par la Gentoo Linux. Le guide d’installation est assez bien fait.
Je n’ai pas eu trop à batailler, mise à part pour la création du noyau, make defconfig
m’a été d’un grand secours.
Le gros point noir, c’est qu’il n’y pas de profil qu’on puisse sélectionner pour avoir un modèle d’installation pour Xfce. J’ai donc du prendre le profil « default/linux/amd64/13.0/desktop ».
La mise en place de la traduction française a été très simple, et j’avoue que cela a même été plaisant. Il y a cependant eu deux points noirs : l’installation de Xfce qui a nécessité de trifouiller dans les paramètres USE et la compilation de Mozilla Firefox 31.7.0 ESR qui s’est avérée un peu longue.
Cependant, une fois les modifications indiquées mises en place, après une longue compilation, j’ai pu apprécier de voir démarrer un Mozilla Firefox en français.
Pour la Funtoo Linux, l’installation a été tout aussi simple, sinon plus. Outre le fait qu’il y a un noyau précompilé disponible, un outil du nom d’epro permet de configurer le profil au petit oignon.
Rien que la liste des options permet de personnaliser l’installation. Pour mon installation, j’ai choisi la saveur (flavor) desktop, et les options « mix-ins » : xfce et no-systemd.
Le premier emerge -auDN @world
pour mettre à jour les paquets disponibles a été impressionnant : 191 paquets à recompiler et installer.
Quant à l’installation de Xfce (la base, j’ai rajouté les extensions à la main ainsi que le gestionnaire de tâches et l’outil de capture d’écran et quelques accessoires), cela s’est résumé à un simple : emerge xfce4-meta
Après avoir fait compiler le reste de la logithèque, j’ai donc fait une capture vidéo des deux distributions pour comparer leurs fraicheurs relatives.
Modulo le fait que seule Gentoo Linux propose une version d’OpenRC légèrement plus récente et un Quodlibet fonctionnel, la Funtoo Linux est plus fraiche : compilateur plus récent, noyau précompilé idem, et surtout la présence de Xfce 4.12.0 en lieu et place de Xfce 4.10.
J’aurais préféré un noyau précompilé soit en LTS, soit en version 4.0. Il est dommage que Quodlibet se plante avec un message cryptique qui ne m’a pas mené bien loin. Sur le plan de la facilité d’installation, Funtoo Linux l’emporte haut la main, ne serait-ce qu’avec ses profils préexistants pour gérer ses compilations aux petits oignons.
Seul défaut commun aux deux distributions : la non-utilisation des greffons gstreamer qui poussent à l’utilisation de l’usine à failles de sécurité Flash 🙁
Mis à part cela, si un jour ArchLinux devait disparaitre, Funtoo Linux serait la première distribution que j’étudierais avec intérêt.
Ajout à 14 h 30, le 5 juin 2015 : le bug de démarrage de Quodlibet est connu, un contournement du problème étant disponible.
La Funtoo est resynchronisée sur l’arbre portage de la Gentoo à une fréquence de quelques jours ce qui leur permet d’avoir un peu de recul et d’éviter des problèmes de stabilité quand la Gentoo incorpore un mauvais paquet. Et ils forkent certains paquets dans un overlay. La liste des paquets forkés est publiée ici : http://www.funtoo.org/Compare_Forked_Packages_To_Gentoo
Merci pour les précisions. Néanmoins, la Funtoo est vraiment en avance, ne serait-ce qu’au niveau des environnements des bureaux.
Merci, ça fait plaisir de voir un retour sur gentoo, que j’ai choisie après mûre réflexion le jour où j’ai décidé de passer à GNU/Linux, choix que je ne regrette absolument pas !
Concernant les versions de logiciels, il faut savoir que même si certaines versions de paquets sont mises en avant, les versions ultérieures sont quasiment toujours disponibles, moyennant un « démasquage », càd un simple ajout du nom du paquet dans un fichier de config dédié.
Ca peut paraître rébarbatif, mais ça reste très inoffensif pour des utilisateurs a priori prêts à mettre les mains dans le cambouis, la gentoo étant orientée « optimisation ».
Je pense que tu sais déjà ça, mais comme ça n’est pas dit dans le texte ou la vidéo, ça pourrait être mal interprété par les lecteurs…
Concernant le bidouillage des USE flags, gstreamer et autres, même remarque, gentoo n’est pas ubuntu, son intérêt est de faire un système personnalisable, si besoin/envie à l’extrême.
On peut critiquer les choix par défaut, mais ils sont très facilement modifiables (un peu de temps pour comprendre le principe la première fois et trouver le bon USE flag, plus ou moins de temps pour la recompilation).
Il faut aussi dire que la documentation gentoo est vraiment très bonne, y compris en français, et le forum, cette fois-ci plutôt en anglais, est aussi une source très complète d’informations.
Voilà, j’espère que je ne fais pas trop « fanboy » 🙂 je voulais juste apporter quelques éléments supplémentaires. Mes remarques s’appliquent aussi je pense à Funtoo, que je ne connais pas sauf de nom.
Au final, pour résumer, gentoo n’est pas une distro grand-public, elle s’oriente plutôt vers des utilisateurs qui souhaitent ou ont besoin de personnaliser leur système. Malgré tout, elle offre, comme tu l’as démontré, une grande simplicité de mise en place du système de base. (ça y est, là je fais vraiment fanboy :D)
Pour des utilisateurs de debian et associées, le pas peut quand même être assez grand à franchir, car le système de gestion des paquets est vraiment différent d’apt et consorts, et demande plus d’efforts.
Effectivement dit comme ça je reconnais que ça a l’air très beau :). Maintenant, en tant que « simple » Arch user, je n’ai jamais eu le courage de me farcir TOUS les UF de TOUS les programmes que j’utilise au quotidien (parce que je pars du principe que quitte à utiliser une base Gentoo, autant le faire à fond).
Peut-être qu’en temps que Gentoo user, tu pourras m’aiguiller sur des moyens plus simples d’arriver à mes fins sur ma VM sans y passer un siècle ^^.
@Frederic La fraicheur se compare comment avec Arch ?
@LDI
Je ne suis pas aussi jusqu’au-boutiste : un fichier central (make.conf) te permet de définir tes préférences globales en matière de UF, qui s’appliquent ensuite par défaut à tous les paquets que tu installes, s’ils contiennent l’un d’eux.
Par exemple, je bloque tout ce qui est qt, j’accepte par contre les fonctionnalités liées au wifi, à alsa, etc.
Si tu veux redéfinir ces choix ou des UF non définis pour un paquet précis, tu passes par le fichier package.use.
En espérant que ça t’aura aidé !
Oui je vois bien l’idée 🙂 mais effectivement, c’est bien là mon « problème » : je pars du principe que quitte à utiliser une Gentoo, autant être jusqu’au boutiste, sinon l’intérêt est en partie « gâché ».
Après on peut apprécier aussi Gentoo moins pour ses UF que pour le côté « architectural » de la distribution….mais de ce côté là, dans mon esprit, Gentoo souffre de la comparaison avec Arch.
Je ne suis pas assez calé pour parler architecture, malheureusement 🙂 je peux juste parler de mon xp…
Mon approche – paresse oblige – a été de passer d’abord par le fichier central seul (quelques dizaines de UF).
Voyant que cela ne suffisait pas dans certains cas, quelques dépendances obèses et inutiles s’installant malgré moi, j’ai peu à peu appris à filtrer, et à présent, à chaque installation, je regarde les dépendances qui remontent et les UF proposés, et je n’hésite pas à faire ma tambouille si nécessaire. Ca prend un peu de temps, il faut parfois réinstaller parce que j’ai été trop « violent » et que le soft ne tourne pas bien, mais mon écosystème est assez stable, je n’installe pas grand-chose.
Cela dit, il ne faut pas non plus s’imaginer des millions de UF, il y en a quelques centaines (quelques milliers si tu comptes les « locaux », spécifiques à certains paquets), dont la plupart sont transparents (ex : « unicode » pour ajouter … le support unicode 😉 ) et une grande partie spécifiques à certaines architectures (types/marques de gpu, cpu, etc.) donc vite filtrés ; enfin, il est rare qu’un soft en liste plus d’une dizaine.
Tout ça pour dire que la gestion « à la mano » que tu sembles préférer est tout à fait gérable, au moins pour les paquets « maîtres » (tu as moins le choix sur les dépendances), après effectivement je ne connais pas (ce qui ne veut pas dire qu’il n’en existe pas !) de méthode plus simple/rapide que lire un peu de doc et faire des tests, mais à mon sens c’est le prix à payer pour se faire un système aux petits oignons, et l’expérience acquise est réutilisable (les UF sont stables, et tu peux réutiliser tes fichiers sur une autre config/après réinstall) !