Gigastrand OS : il faudrait savoir dire non à l’acharnement thérapeutique ?

J’avoue que l’inventivité des développeurs de distributions GNU/Linux ne cesse de m’étonner. Surtout quand il s’agit de copier l’existant dans un but d’amélioration…

Gigastrand OS est un vieux projet, même si sa dernière version officielle date de fin janvier 2014. Si on regarde sur la page d’information sur la distribution, on peut lire que c’est un vieux projet :

In 2007, when Linspire was sold to Xandros, Gigastrand International was left in a lurch. Gigastrand’s business model revolved entirely around Linspire and with Linspire gone, Gigastrand was forced to look for an alternative.

Ce qu’on peut traduire par :

En 2007, quand Linspire a été vendu à Xandros, Gigastrand international a été laissé de coté. Le modèle économique de Gigastrand tournait entièrement autour de Linspire et Linspire disparu, Gigastrand a été contraint de chercher une alternative.

Si Linspire ne vous dit rien, c’était à l’origine une distribution commerciale basée sur Debian GNU/Linux, qui reproduisait l’apparence de MS-Windows. En août 2006, je parlais rapidement de FreeSpire, une dérivée gratuite de Linspire qui accumulait des retards qui feraient honte à la Debian GNU/Linux stable.

Le projet est reparti en 2012, en partant comme référence la Linux Mint, mais en poussant le concept plus loin :

The areas that we feel Linux Mint does not cover are areas for improvement and areas that fit well into the Gigastrand model.

Ce qu’on peut traduire par :

Les domaines qui nous paraissent que Linux Mint ne couvre pas sont les points à améliorer et les zones qui correspondent bien au modèle Gigastrand.

En gros, tel Iznogoud, être calife à la place du calife ? Les zones d’amélioration sont somme toutes classiques : une compatibilité avec les logiciels MS-Windows (avec CrossOver, la reprise commerciale de Wine), une installation simplifiée des logiciels (oh, le beau serpent de mer) ou encore être complètement utilisable dès l’installation (oh, un autre serpent de mer).

Pour récupérer l’ISO, nul torrent. Uniquement le téléchargement sur un serveur un peu asthmatique. Il faut patienter environ une demi-heure pour récupérer les 1,8 Go de l’ISO…

[fred@fredo-arch ISO à tester]$ wget -c http://gigastrandos.com/download/gsos1x.iso
–2014-03-20 10:14:58– http://gigastrandos.com/download/gsos1x.iso
Résolution de gigastrandos.com (gigastrandos.com)… 50.63.73.1
Connexion à gigastrandos.com (gigastrandos.com)|50.63.73.1|:80… connecté.
requête HTTP transmise, en attente de la réponse… 200 OK
Taille : 1869611008 (1,7G) [application/x-iso9660-image]
Sauvegarde en : « gsos1x.iso »

100%[====================================>] 1 869 611 008 1,05MB/s ds 32m 51s

2014-03-20 10:47:49 (926 KB/s) — « gsos1x.iso » sauvegardé [1869611008/1869611008]

Quand à savoir quelle est la base utilisée par la distribution, il suffit de fouiller dans la section « Gigastrand OS Support and Software Repository » pour la deviner sans trop de problème. On peut penser à une base Debian GNU/Linux… Squeeze, en clair au moment où j’écris cet article, la « oldstable« …

Mais ne soyons pas trop négatif, et attendons de voir quelles sont les versions des logiciels proposés pour avoir la confirmation ou l’infirmation de cette intuition 🙂

J’ai donc lancé l’ISO dans une machine virtuelle Qemu, avec l’équipement habituel : 2 Go de mémoire, 128Go de disque. Il faut savoir que l’ensemble est très gourmand. La configuration recommandée étant : un processeur de 2 Ghz, 2 Go de mémoire vive (3 dans VirtualBox), 40 Go d’espace disque et une carte graphique 3D avec 512 Mo de mémoire vive… Ouille !


[fred@fredo-arch ISO à tester]$ qemu-img create -f qed disk.img 128G
Formatting 'disk.img', fmt=qed size=137438953472 cluster_size=65536 table_size=0
[fred@fredo-arch ISO à tester]$ kvm32 -hda disk.img -cdrom gsos1x.iso -boot order=cd &

Le système est en 32 bits, étant donné que kvm32 est un alias pour :


qemu-system-i386 -k fr -m 2048 -sdl -soundhw hda,ac97 -no-frame -vga std --enable-kvm

Au premier démarrage, on se retrouve avec une Debian GNU/Linux, un KDE SC redécoré avec des couleurs un peu « flashy » et un fond d’écran que je ne qualifierais pas par simple charité.

On a rapidement la confirmation que la base utilisée est une Debian Squeeze, désormais en « oldstable ». En effet, le noyau utilisé est une version 2.6.32 et KDE SC est une version 4.4.5. Qui ne date que de… juin 2010 !

Mais installons donc la distribution, même si le résultat risque d’être très intéressant à voir. De plus, il faut vraiment fouiller pour trouver la documentation d’installation…

On apprécie la sécurité de l’installateur, dont le mot de passe est… 1234. Facile à deviner sans la documentation, non ? Surtout qu’elle n’est pas disponible sous forme de page html, mais uniquement sous la forme d’un pdf !

La distribution n’est pas franchement des plus simples à installer. Pas de partitionnement automatique. Faut tout faire à la main. Surtout que c’est l’installateur proposé par Remastersys qui est utilisé. Pas franchement des plus conviviaux. Surtout pour une distribution qui se déclare « Linux for everyone », « Linux pour chaque personne » !

Après le redémarrage, on se trouve avec un KDE SC en franglais. Un compte « user » est utilisé, sans mot de passe. Ouille !

Aptitude, l’outil graphique de gestion de paquet plante sans autre forme de procès. J’ai donc du ouvrir une konsole, et effectuer les mises à jour directement en ligne de commande.

J’ai utilisé Kuser pour renommer l’utilisateur et lui donner un mot de passe potable ! Dommage qu’un compte utilisateur ne soit pas créé dès l’installation.

Le gestionnaire de logiciels est étrangement tombé en marche par la suite, et j’ai rajouté les traductions françaises pour la plupart des logiciels.

J’ai voulu montrer la distribution en action. La bande son ? « Nanofly » du groupe StrangeZero.

Pour conclure cet article, je ne dirais qu’une chose : cette version est tout sauf conviviale, tout sauf destiné à l’utilisateur lambda. Ses logiciels sont tellement vieux que même gNewSense pourrait avoir honte par endroit. Même un(e) ancien(ne) linuxien(ne) se prendrait la tête pour installer l’ensemble…

Si on en croit le blog des développeurs, une version 2.0 serait en cours de développement, cette fois basée sur Debian GNU/Linux Wheezy, la version stable actuelle. J’avoue que j’ai eu du mal à me retenir de rire quand j’ai lu :

The expectation is that BETA 1 will be at least as good as the 1.0 release.

Ce qu’on peut traduire par :

On s’attend à ce que la BETA 1 soit au moins aussi bonne que la version 1.0.

Est-ce à dire que la première version stable était une version beta recouverte de pansements ? Vu les nombreux points négatifs listés dans l’article, il n’y a qu’un petit pas à franchir pour confirmer cette hypothèse.

4 réflexions sur « Gigastrand OS : il faudrait savoir dire non à l’acharnement thérapeutique ? »

  1. salut Fred,

    quand on connais le public visé par cette distribution, ne pas pouvoir créer d’utilisateur a tout son sens,. je me souviens des début de Lindows (linspire) tu ne pouvais pas créer d’user. juste donnez un mot de passe administrateur et encore pas sur les premières alphas.

    donc on reste dans une politique de Microsoft tout faire pour pas que l’utilisateur final se case les dents a ne pas retrouvé son mot de passe après l’installation :p

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