Dans le domaine de l’informatique libre, on ferait bien par moment de se souvenir de ce proverbe. Depuis quelques jours, dans plusieurs billets, dont un qui à fait couler beaucoup d’encre électronique, où je parlais de certains défauts dérivant des qualités de la distribution à l’origine de plusieurs dizaines d’autres, la Debian GNU/Linux.
Que ce soit Ubuntu (et sa floppée de dérivées officielles et non-officielles) ou encore des projets comme l’excellent HandyLinux, on voit que Debian GNU/Linux, c’est de la qualité.
Outre un billet très bien écrit par Cep sur le blog de Cyrille Borne qui expliquait certaines arcanes de la gestion des paquets sur une Debian GNU/Linux, qui exigent parfois certaines contorsions techniques, les commentaires sur un autre billet sur le financement participatif du logiciel de retouche vidéo Pitivi ont mis en lumière certaines limites liées à la volonté d’avoir une distribution aussi solide que du granite.
En effet, il se trouve que pour aider au développement d’un logiciel, il faut que les utilisateurs puissent envoyer des retours d’informations. Si par malchance, les développeurs utilisent une distribution moins « conservatrice » que la Debian GNU/Linux, tout devient largement plus compliqué. Si on se trouve avec des bibliothèques un peu trop anciennes, il est difficile de reproduire certains bugs.
Je comprends très bien qu’on ai besoin d’une distribution qui soit à l’image des anciennes ordinateurs sous unix qu’on allumait une fois et qui ne redémarrait qu’en cas de coupure de courant.
Cependant, vu la vitesse d’évolution de certains logiciels, ne serait-ce que les navigateurs internet qui proposent une nouvelle version toutes les 6 semaines, on se dit qu’il faut savoir par moment ménager la chèvre et le chou.
Qu’on ne me fasse pas un procès en disant que je considère la Debian GNU/Linux comme de l’excrément porcin. Rien n’est plus faux. C’est une très bonne distribution. Cependant, et je sens que je vais me faire incendier, cette volonté de vouloir être ultra-stable finit par provoquer en retour des obsolescences techniques sur des composants plus ou moins cruciaux d’un système d’exploitation.
Ce qui fait la force de la Debian GNU/Linux, c’est son cycle de développement. Mais c’est aussi sa faiblesse. Car quand la période de gel arrive, seuls les correctifs sont acceptés. Cela a conduit à une situation un peu caricaturale. En effet, quand la Debian GNU/Linux Squeeze est sortie, en février 2011, la version compatible avec le contrat social de Debian GNU/Linux de Mozilla Firefox était une version 3.5.16.
Or, la version supportée par la Fondation Mozilla à l’époque la version 3.6.13. Donc déjà une génération de retard. Mozilla Firefox 4.0 qui a lancé la politique des publications rapides est sortie en mars 2011. Autant dire que très rapidement, la version du navigateur proposée par la Debian GNU/Linux Squeeze montrait ses limites et son âge 🙁
En fouillant sur la toile, je suis tombé sur plusieurs messages demandant comment mettre à jour IceWeasel vers une version plus moderne, comme cet article de notre ami Antistress.
Sans oublier que Gnome avait deux versions de retard, et ainsi de suite. Mais il faut dire que Gnome 3.0 n’était pas vraiment super utilisable à l’époque, et je me souviens encore de Gnome 3.0RC installé sur mon Archlinux 🙂
La période de gel a été assez courte pour la Debian GNU/Linux Squeeze, seulement 6 mois : du 6 août 2010 au 6 février 2011.
Pour info, la période de gel de la Debian GNU/Linux Wheezy a été plus longue : du 30 juin 2012 au 4 mai 2013. Presque un an. Et modifiée pour éviter de retrouver le problème d’un navigateur un peu trop ancien dès le départ.
Bien sûr, quand la distribution est sortie, elle était très solide, mais elle accusait son retard sur certains logiciels malgré tout.
Je sais, il existe le dépot backports, on peut installer directement LibreOffice depuis des binaires sous forme de paquets debian directement depuis le site officiel. Mais cela peut finir par provoquer à terme des soucis d’utilisation.
Le mieux est l’ennemi du bien, comme le dit le proverbe. Vouloir être stable, c’est une excellente chose. Mais il ne faut pas non plus tomber dans le travers de vouloir pousser cette logique au bout.
Maintenant, si je dois être traité de fanboy archlinuxien pour un tel billet, ça me faciliterait vraiment le transit intestinal.
Je ne vois pas le rapport avec le contrat social de Debian, mais bon. En tout cas, c’est précisément pour ça qu’ont été créés, puis officiellement soutenus par Debian, les backports.
Pour le contrat social, je te renvoie à l’article d’Antistress : http://libre-ouvert.toile-libre.org/?article49/iceweasel-firefox-pour-debian
debian stable utilise maintenant les dernières versions esr de Mozilla.
Ce qui permet d’éviter les mésaventures connue sous Squeeze. Mageia agit de la même façon.
Je ne me souviens pas d’avoir eu à subir « certaines contorsions techniques » depuis que je suis sous Debian et cette distribution ne me semble vraiment pas pourvu « d’obsolescence », voila des années que j’installe sur des vieux PC que je récupére et elle m’a toujours donné en échange ce que je lui demandais, courir sur le Web, faire du traitement de texte, comptabilité, retouche photo, courte vidéo diaporama, dessin,…
Et puis à force de toujours courir après la dernière version il arrive un moment où c’est le souffle qui va manquer 😀
A pluche.
Vraiment ? Prends une Wheezy, et regarde le nombre de logiciels présents qui ne sont plus supportés par les développeurs d’origine. Sinon, tu ne te souviens pas de la mésaventure d’IceWeasel sous Squeeze ?
Manquer de souffle à courir après la dernière version ? Dans certains cas précis, c’est indispensable d’avoir une version récente, voire la dernière : les navigateurs internet.
Non, je ne me souviens pas d’avoir eu des ennuis, pour Iceweasel je suis à la version « 29.0a2 » et tout roule pour le moment.
« Dans certains cas précis, c’est indispensable d’avoir une version récente, voire la dernière : les navigateurs internet. »
Oui, mais comme tu le précises, cela reste dans « des cas précis ».
Pour le commun des mortels cela reste utilisable sans ce « contorsionner ».
A pluche.
toutes tes remarques sont justifiées… chez nous. mais on oublie souvent que le parc informatique mondial ne se réduit pas aux quelques dev et bloggeurs qui s’exprime. 80% du parc mondial a plus de 3ans (minimum) et est donc tout à fait adapté à Debian, même oldstable 😉
Bien sur que c’est cool de pouvoir installer la dernière version de LibreOffice sur son vieil ordi… mais la semaine d’avant, on arrivait quand même à bien bosser sur l’ancienne version non ?
alors oui, le mieux est l’ennemi du bien.. tout à fait d’accord… et dans les deux sens même 😀
la voie du milieu semble être la bonne (comme d’hab’). Debian stable suffit largement pour 80% des tâches courantes avec du matos courant. Pour les autres, les chanceux possesseurs de machines modernes, bah faut bidouiller un tout petit peu.. mais c’est un choix.
perco j’ai choisi de recycler, et du coup, Debian Wheezy est presque trop moderne (obligé de taper dans le kernel-486) !! 😀
microsoft et d’autres boites proprios font naître des besoins et après, on reproche au libre de ne pouvoir assurer. mais se libérer.. ne serait-ce pas justement éliminer ces besoins ?
Oui Debian est en décallage avec le monde numérique moderne.. et ça me rassure en fait. 🙂
Sauf si tu tombes sur un document qui n’est correctement interprété que par une version assez récente 🙁
Il est parfois plus simple de ne pas passer par Debian pour cause de matos trop moderne, justement 🙂
Je pense qu’une Slackware fonctionnerait tout aussi bien sur des vieilles machines. Quitte à n’utiliser que Xfce ou plus léger comme lxde 😀
une base slack … on y a pensé, mais le choix pour Debian s’est fait pour la stabilité, et surtout pour les dépôts… le nombre de paquets disponibles.. et la modularité aussi, enfin tellement de chose qui font honneur à Debian. car en fait, à part ce soucis de versions pour certains drivers ou logiciels, on ne peut rien dire sur Debian. et ce sur quoi on l’attaque est une choix des devs, donc ça risque pas de changer ! 😀
il reste simplement à faciliter le passage, et là.. oui, ya du boulot !
@arpinux « il reste simplement à faciliter le passage, et là.. oui, ya du boulot ! »
mais çà, c’est le rôle et la mission des forks justement 🙂
Des forks qui apportent quelque chose. Pas de ceux qui se limite à changer le fond d’écran, le navigateur internet et à proposer des paquets non libre dès le départ.
Comment cela, je parle de 90% des forks actuels ?
Salut.
J’utilise (en dur) 2 Debian (1stable et 1 Sid) ,1 archlinux , 1 Slackware et d’autres,toutes en 64 ,mais je suis pas là pour me caresser le nombril.
Je pense que le problème de l’obsolescence de Debian est un faux problème. J’installe des versions stables de Debian à de tierces personnes.Elles en sont contentes (sources.list avec backports ,dépôt mozilla/iceweseal et tout tout) pour ce qu’elles font avec une machine (internet et bureautique principalement).On est pas tous des geeks et c’est bien comme cela .Perso, la mienne me sert à stocker mes fichiers perso et gérer ma musique et d’autres trucs de base)
Maintenant ,t’as Debian Sid (avec des bouts d’experimental dedans :iceweasel ) .Si tu veux du récent ,c’est une distribution à part entière (de mon point de vue).En 4 ans d’utilisation ,elle m’a pété une fois dans les mains (autant de fois qu’ Archlinux, donc)
Du point de vue de mon expérience personnelle ,si tu veux du récent en mode « rolling-release » et relativement stable (plus qu’ubuntu, par exemple et autant qu’Arch qui est légèrement plus en avance au niveau des versions de paquets )et que tu comprend relativement bien le fonctionnement de Debian, utilise Debian Sid.
Après ,ca reste l’avis d’un utilisateur de Debian depuis 10 ans ,mais qui butine d’autres fleurs en parallèle .
Debian se présente comme un système universel, mais c’est surtout un système pour serveurs. Et là le côté récent des paquets est sans grand intéret. Seul la stabilité compte. Idem pour des réseaux bureautiques avec des centaines de post : ça doit pas bouger.
En gros Debian est fait pour les professionnels, pas vraiment pour les autres. C’est pour cela qu’ubuntu existe.
Ce n’est ni bien ni mal, il faut juste utiliser l’outil adapté à son besoin.
Sauf si tu as besoin de langages web en version pas « préhistorique ».
J’utilise Debian pour mes serveurs mais également pour certaines machines clientes et je n’ai aucun problème. Je pense que cette histoire d’obsolescence est un épiphénomène et reste à la marge pour quelques logiciels et utilisations spécifiques.
Debian avec la mise en place des dépôts Backport ça roule très bien dans 80% des cas. On s’en fout d’avoir le dernier noyau Linux, la dernière version de LibreOffice. Un truc qui m’agace un peu c’est la tendance qu’ont les développeurs Linux a systématiquement réinventé la roue quand il n’y en a pas besoin (Pulse Audio, Upstart et SystemD, NFTables) et sur ce point précis, je me sens de plus en plus proche des défenseurs des systèmes BSD !
D’ailleurs, en ce qui concerne les systèmes de filtrage j’ai décidé dorénavant de m’investir d’avantage sur PF que sur NFTables. En plus, pour ceux qui ne se contentent pas de Debian Stable, il existe des alternatives crédibles comme Sid ou Linux Mint Debian Edition !
Bref, Debian doit pouvoir contenter tout le monde au final ! Arch est une super distribution mais je me suis lassé de devoir bidouiller à chaque grosse mise à jour importante de la distribution. Je n’ai plus le temps pour ça dans tous les cas.
Cordialement,
Tu pointes sur un point précis : l’activation de backports. Pour le noyau, tu fais comment si ton matos n’est supporté que par une version ultérieure ?
Vraiment pas besoin ? Les anciennes solutions conviennent-elles à l’évolution technique du matériel ?
La LMDE ? Autant la laisser partir en paix. L’équipe de Mint a raté une occasion en or en transformant cette distribution en un Windows XP bis et ses services packs tous les X mois 🙁
La bidouille la plus chiante, ce fut le passage vers la glibc 2.16. Sinon, les « grosses mises à jour » passent le plus souvent sans trop de mal.
Mauvais argument ! Et chez OpenBSD et FreeBSD ? Ils continuent de tourner avec System V et Init et tout va très bien. PF évolue mais on ne repart pas de rien à chaque fois comme c’est le cas avec NFTables ! Non, cette tendance des devs Linux est vraiment chiante pour les admin sys et là NetBSD et OpenBSD c’est vraiment la classe (System V et le fameux rc.conf ou rc.local)
Je comprends ta réticence à ce système de semi rolling release mais ça tourne plutôt pas mal dans l’absolu. On l’utilise au quotidien et on est satisfait donc non nous on adhère 😉
Oui certainement, avec le manque de temps et la recherche de l’efficacité, on se rabat sur du Mint ou de l’Ubuntu. Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier Arch même si je regrette que le rc.conf soit de moins en moins utilisé ! Et c’est encore là que j’aime les BSD ! 😉
Tout va très bien pour le moment. Qui te dit qu’un jour les BSD ne vireront pas les scripts à la sysVinit ? Pour nftables, peut-être est-ce lié à une difficulté à faire évoluer le code ?
Et c’est vrai que les systèmes unix-like ne sont utilisés que par les admin systèmes, c’est bien connu 😉
C’est le principe du « cul entre deux chaises » qui me mets mal à l’aise.
Le rc.conf est mort chez Archlinux depuis octobre 2012. Efficacité et Mint ? Tiens, une oxymore 😀
Tu sais quoi ? Arrête d’utiliser du linux, et tourne uniquement avec du BSD. Cela t’évitera de te provoquer des ulcères 🙂
Vos batailles de clochers sont productives ? il manque juste qu’un windowsien et qu’un apple-man passent et on aura du bon troll ! 🙂
Il y a aussi des querelles de clochers chez les windowsiens et les utilisateurs d’Apple. Donc, rien de bien nouveau.
On verra bien ce qui survivra au final. Mais il est vrai que certaines vérités ne sont pas bonnes à dire.
Bonjour,
Je lis régulièrement ce blog et celui de Cyrille en tant qu’utulisateur lambda. Je les apprécie tous les deux. Mais franchement ce sujet récurent sur la fraîcheur des paquets me lasse pour rester poli 😉
En effet, en tant qu’utilisateur basic je suis plus intéressé par la facilité d’usage que la fraîcheur de Firefox par exemple.
Par exemple je m’arrache toujours les cheveux, malgré la précieuse aide de cep sur le forum de Cyrille, pour installer Truecrypt sur debian.
Même galère pour gérer le groupe Fuse…
L’important pour que Linux séduise le grand public est que les développeurs tentent de répondre à ses soucis et questions que d’aucuns trouveront primaires, basiques, chiantes…
Voilà le genre de questions que se posent des utilisateurs comme moi 😉
J’ai découvert GNU/Linux il y a 4 ans environ et j’y suis toujours après de longues années sous Windows. D’un point de vue « performances » (je ne vais pas rentrer dans les détails mais c’est plus rapide, léger, stable…), je trouve GNU/Linux supérieur. Mais le point faible à mon humble avis (qui permettrait de faire pencher la balance en faveur de Linux) reste la facilité d’usage même si d’énormes progrès on été faits (Merci aux développeurs !).
C’est bien par respect du dicton que je préfère la debian … pour rester éloigné de la course au toujours plus neuf , la durée de vie du hardware de plus en plus courte et l’obsolescence programmée toujours pas HORS-LA-LOI.
Toujours à jour ou toujours plus ça veux aussi dire toujours plus con …
mais ça ne vaut pas que pour le monde linux …
Non DEBIAN n’est pas obsolète mais juste stable , nécessaire et suffisante …
Je crois bien qu’à force de tester des bouses de distributions, Fred est resté les pieds collés dedans …
Mais tant que ce n’est pas la tête , il y a encore de l’espoir …