Fouillant mon fil google+ ce matin, oui, je dois être un des derniers français métropolitain et internaute à ne pas avoir de compte ouvert chez le fesseur de caprins, j’ai appris l’existence du énième avatar de musique louée, YouTube Music Key. Un article sur « Blog Nouvelle Technologies » résume bien l’offre qui est en quelque sorte ce que l’on obtient déjà avec un outil à la adblock, indispensable pour naviguer sans craindre une conjonctivite, et un script de récupération de vidéo. Non, je ne donnerais aucune autre information, votre moteur de recherche préféré vous donnera plus de détails.
Outre le fait que cela sera une concurrence de plus pour Spotify qui explique après son clash avec Taylor Swift que le problème vient de l’appétit des ayants droits, qui en plus du beurre, de l’argent du beurre veulent aussi le popotin de la crémière en bonus.
Je cite un extrait de l’article du Journal du Geek qui est assez parlant :
[…]Puisque le nœud du problème, et le nerf de la guerre, c’est bien évidemment l’argent, Ek explique que Spotify verse plus de 6 millions de dollars par an aux artistes en royalties. En tout depuis le début de cette aventure, la société a reversé 2 milliards de dollars, dont la moitié rien que l’année précédente.
Spotify compte 50 millions d’utilisateurs actifs, dont 12,5 millions qui paient pour être débarrassés de la réclame. Daniel Ek s’en prend aux maisons de disques : « Si l’argent \[que nous leur reversons] n’alimente pas la communauté créative en temps et en heure et d’une manière transparente, c’est un gros problème ».[…]
J’avoue que j’ai jamais compris l’utilité de tel service, en dehors de la possibilité de faire connaître quelques nouveaux talents. Mais, arrêtez de rire, voyons !
C’est surtout une expression d’une guerre perdue contre l’écoute illicite d’albums. Les offres légales sont risibles pour ne pas dire pitoyables (cf cet article de Klaire qui fait grr).
Des offres comme Spotify dès 2002-2003 aurait pu inverser la tendance, mais c’était trop tard dès 2003-2004. Comme disait Jean Ybarnégaray blessé lors de la boucherie du Chemin des Dames (16 avril au 24 octobre 1917) : « La bataille a été livrée à 6 heures, à 7 heures, elle est perdue ».
En 2005, la musique louée, dans une version extrèmement castrée, existait déjà et se prenait un baffe en pleine tronche à cause de la gourmandise des majors… J’en parlais en octobre 2005… Il faut noter que l’article de BetaNews est toujours en ligne, 9 ans après sa publication.
Mais le vrai problème est ailleurs. Outre l’envie de maltraiter le portefeuille des auditeurs (en plus de leurs oreilles), avec des produits à l’intérêt plus que moyen comme la série des remastérisations des albums de Led Zeppelin ou le dernier Pink Floyd (qui est plus proche de l’arnaque qu’autre chose, comme l’explique cet article de NeoProg et que je confirme après une écoute personnelle de cette chose que j’achèterais à 5€ d’occasion sur Priceminister car il ne vaut pas plus dans l’absolu), la volonté de toujours en vouloir plus, au point de saigner les sites de streaming qui ont du mal à vivre, c’est conforter encore et toujours plus l’offre illicite qui, outre son avantage financier, a une force : pas d’abonnement à payer, de la musique avec des formats non encombrés de verrous numériques.
Sans oublier la possibilité trier le bon grain de l’ivraie. D’écouter quand on le veut de la musique sans avoir à allumer son ordinateur, et de conserver un minimum de vie privée.
L’effet collatéral est bien entendu une perte financière sèche pour les majors. Les artistes ? C’est souvent la cinquième roue du carosse dans ce cas.
Il existe des solutions, même si elles ne peuvent être pratiquées qu’à petite échelle pour que les artistes puissent récupérer quelques subsides substantielles de leur travail, comme l’auto-édition musicale (des sites comme bandcamp permettent aux artistes de toucher 80% des sommes versées par les acheteurs. Et 80% sur 10 à 15€, c’est plus intéressant que quelques dizaines de centimes sur un album vendu le même prix dans les circuits classiques.
Il y a aussi l’option de passer par des financements participatifs via des plateformes comme Kickstarter, Ulule ou encore PledgeMusic. Cela demande du temps, mais au moins, on est alors certain d’avoir des retours conséquents. Mais comme je l’ai déjà dit, cela concerne une minorité qui a pris conscience que l’ancien modèle de répartition et de publication des créations musicales a du plomb dans l’aile. Autant dire que le chemin est encore long pour adapter le droit d’auteur à la révolution qui s’appelle internet.
Évidemment, cela demande aux artistes de s’occuper de tâches ingrates comme la promotion de leurs oeuvres.
Comme je l’ai fait, à une moindre échelle, avec mes humbles productions scripturales auto-éditées via Atramenta qui ont été financées sur mes fonds propres.
Les majors du disque, via la Sacem, qui en veulent toujours plus et qui réclament désormais une taxe sur les hébergeurs qui ont sur leurs serveurs des contenus illicites, ce qui serait juridiquement du recel, du moins selon la définition du Code Pénal, article 321-1, ne comprennent pas qu’ils sont tels les généraux de la première guerre mondiale qui envoyaient leurs troupes pour servir de chair à canon.
« Le recel est le fait de dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose, ou de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre, en sachant que cette chose provient d’un crime ou d’un délit.
Constitue également un recel le fait, en connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d’un crime ou d’un délit.«
Les auditeurs, qui utilisent l’offre illicite pour faire leur marché et parfois passer à la caisse ? Ce sont comme les mutins de 1917 : ils en ont marre de se faire exploiter. Comment se terminera cette histoire ? Seul l’avenir nous le dira.
Rassures toi : tu n’es pas le seul non inscrit « chez le fesseur de caprins » (j’aime bien ta traduction détournée). Je me refuse également d’y mettre un pied et je persisterai à vivre dans le villages des irréductibles …. qui résistent encore et toujours ….. 😉
Sinon, dans l’ensemble, je suis d’accord avec toi. D’ailleurs je ne suis pas utilisateurs de service de musique en ligne ; je préfère découvrir et acheter … ce qui me permet aussi de l’avoir même sans accés internet.
Je ne suis pas inscrit chez fesse de bouc et je m’en porte pas si mal, je suis complètement d’accord sur le fait que la remasterisation n’apporte pas grand chose.
Il m’arrive une ou deux fois dans l’année de me promener dans un magasin de cd et parfois d’investir mais je ne suis pas un grand consommateur.
A pluche.
Je suis gros consommateur de groupes que j’ai découvert et qui ne sont pas franchement très upstream (genre death metal progressif comme Opeth) ou des groupes trouvés via Bandcamp.