Pour introduire cet article, je vais paraphraser Usul Master dans sa série de vidéos hautement recommandée et caustique, 36 15 Usul.
Dans le petit monde des distributions GNU/Linux, il y a deux catégories. Les distributions classiques, et les méta-distributions.
Les distributions « classiques » proposent un ensemble de logiciels sous formes de paquets binaires, ou de recettes de code source à faire recompiler à partir d’une base donnée.
Je mettrais dans cette catégorie : Debian GNU/Linux, Ubuntu (et sa descendance pléthorique), Red Hat Linux, OpenSuSE, Mageia, OpenMandriva (ou ce qu’il en reste), ArchLinux (et ses dérivées), Frugalware Linux, Slackware Linux, en gros 90 à 95% des distributions existantes. Je rajouterais dans cette catégorie aussi les cousines Gentoo Linux et Funtoo Linux.
Les méta-distributions ne sont pas disponibles à proprement parler directement en version installable et utilisable en un claquement de doigt. Dans ce cadre, on peut citer les livres Linux From Scratch et Beyond Linux From Scratch pour installer à partir de zéro une base, puis les outils complémentaires d’une distribution.
Dans les méta-distributions moins « puristes », il y a la Microlinux Enterprise Desktop ou MLED. Développée par Nicolas Kovacs, un développeur autrichien vivant en France depuis le début des années 1990, elle prend comme base la Slackware Linux, et propose un environnement personnalisé basé sur Xfce. Distrowatch en avait parlé en décembre 2013. J’ai pris un peu de temps pour en parler 🙂
Par défaut en multilib (en gros, vous avec un support natif des applications 32 bits dans un environnement en 64 bits), elle s’adresse à un public ayant déjà un bon niveau dans le domaine des linuxeries. Autant dire que quand j’en ai entendu parler, je me suis dit : « Tiens, un truc qui va surement m’intéresser ». Même si j’ai mis plusieurs mois pour m’y pencher.
J’ai donc récupérer l’ISO du DVD de la Slackware Linux en 32 bits. Pourquoi ? Simplement parce que j’aime les systèmes 64 bits « pur et dur ».
Aussi que je n’avais pas envie de jongler avec au minimum 3 images ISO de CD. Si vous passez par la version 64 bits, il faudra modifier les références terminant par -32bit en -64bit.
Ensuite j’ai suivi le guide d’installation proposé en français. Je vais donc le reprendre ici et illustrer les grandes étapes, et les compléter par endroit, surtout pour expliquer comment j’ai agi. Comme d’habitude, je suis passé dans une machine virtuelle qemu, avec 2 Go de disque dur et 128 Go de disque.
[fred@fredo-arch ISO à tester]$ qemu-img create -f qed disk.img 128GFormatting 'disk.img', fmt=qed size=137438953472 cluster_size=65536 table_size=0
[fred@fredo-arch ISO à tester]$ kvm32 -hda disk.img -cdrom slackware-14.1-install-dvd.iso -boot order=cd &
Après avoir choisi le clavier qui va bien, j’ai lancé cfdisk et j’ai appliqué le partitionnement classique et même un peu vieux. En clair, 4 partitions : /boot, swap, / et /home.
Il m’a fallu ensuite récupérer la liste des paquets strictement nécessaire à l’installation de la base de la MLED. Ce qui se fait avec les commandes suivantes, en gros : activation d’une connexion filaire, puis on récupère la liste qui sera déposé dans le répertoire /tag, et enfin on décompresse l’ensemble.
dhcpcd eth0
cd /tag
wget http://www.microlinux.fr/slackware/MLED-14.1-32bit/tagfiles.tar.gz
tar xvfz tagfiles.tar.gz
On lance ensuite l’installateur. On valide toutes les étapes en choisissant les options par défaut. On commence par l’attribution des partitions.
Ensuite, au niveau de la source, il faut garder l’option par défaut, à savoir : « Install from a Slackware CD or DVD »
Pour la sélection des paquets, on peut garder les choix proposés. C’est après qu’il faut faire attention. Il faut choisir l’option « tagpath ».
Il faut rentrer « /tag » dans la zone de saisie, puis on peut laisser travailler l’installateur qui copie les paquets. Ensuite, on passe les étapes les unes après les autres, que ce soit pour le réseau, le fuseau horaire. Il faut juste penser à activer le support de l’UTF-8 en console, et comme le précise l’auteur de la distribution, choisir l’option xinitrc.wmaker le temps de vérifier que Xorg est correctement configuré.
On redémarre et l’on s’attaque à la post-installation. Il faut se connecter en root, et copier l’ensemble des scripts et outils de la méta-distribution.
cd
git clone https://github.com/kikinovak/slackware
On rajoute l’extension slackpkg+ en utilisant links :
http://slakfinder.org/slackpkg+/pkg/
Pour récupérer le fichier en .txz, il suffit d’utiliser les flèches de direction, d’appuyer sur la touche D.
Ensuite, on quitte links, et on installe le paquet avec la commande :
installpkg slackpkg+-1.3.0-noarch-2mt.txz
Pour l’étape suivante, on modifie le fichier /etc/slackpkg/mirrors avec nano par exemple. Il faut enlever la « # » devant une seule ligne dans la section « Slackware 14.1 ». Cependant, je n’ai pas utiliser le miroir d’ovh qui semble ne pas être fonctionnel. J’ai pris le miroir suivant : http://nephtys.lip6.fr/pub/linux/distributions/slackware/slackware-14.1
Autre étape, il faut maintenant rajouter le fichier de configuration de slackpkg+. On commence par faire une copie de la version d’origine :
cd /etc/slackpkg
mv slackpkgplus.conf slackpkgplus.conf.orig
Puis avec une commande mv ou plus simplement avec midnight Commander, on copie le fichier de configuration prédéfini qui se trouve dans /root/slackware/MLED-14.1-32bit/config/slackpkgplus.conf vers /etc/slackpkg. Bien entendu, si vous utilisez la version 64 bits, il faudra remplacer MLED-14.1-64bit !
Et on s’attaque à la mise à jour des clés de sécurité et des miroirs.
slackpkg update gpg
slackpkg update
On va ensuite utiliser le script trim_desktop_base.sh qui permet de nettoyer le système au cas où des paquets indésirables se serait glisser dans l’installation de base. Ou simplement que vous n’avez pas utiliser la liste des paquets prévus à l’origine 🙂
cd slackware/MLED-14.1-32bit/tools/
./trim_desktop_base.sh
On installe par la suite les mises à jour du système et on redémarre pour faire prendre en compte le noyau mis à jour.
slackpkg upgrade-all
Si vous utilisez une base 64 bits, il faudra rajouter le groupe « compat32 » avec un petit slackpkg install compat32
.
On arrive enfin à l’installation des paquets de la MLED. Il utiliser le script install_MLED.sh qu’on trouve dans slackware/MLED-14.1-32bit/tools/.
Ensuite, on fignole l’installation avec le script cleanmenu.sh. On arrive à la fin de l’installation. On créé un utilisateur avec l’outil adduser.
Après avoir vérifier que Xorg se lance bien (avec startx), on peut choisir la session xfce via l’outil pkgtool.
Une fois que tout est bien en place, et après avoir tenté ma chance une première fois en utilisant la commande init 4
, j’ai modifié le fichier /etc/inittab pour avoir directement une session graphique. J’ai remplacé le 3 par un 4 dans la section « Default runlevel ».
J’ai donc voulu montrer la distribution en action. La bande son ? « The Simple Life » de Josh Woodward.
J’avoue que j’ai pris pas mal de plaisir à suivre le mode d’emploi d’installation de cette méta-distribution. Le seul manque ? L’absence d’un certain greffon Adobe Flash. J’ai été impressionné par la qualité du résultat final, surtout que le format mp3 est pris en charge dès la fin de l’installation.
Il est cependant dommage que deux logiciels proposés ne se lancent pas. Je parle d’Inkscape et de Brasero. J’ai fait remonter les bugs auprès du créateur. Sûrement des paquets qui auraient besoin d’être recompilé ? Un miroir pas à jour ? En tout cas, j’avoue ne pas comprendre 🙁
J’ai fait une fausse manipulation au moment de choisir le fichier de configuration. En effet, j’ai pris celui de la version 14.0 au lieu de la 14.1 ! Et bien entendu, celle-ci corrigée, tout est passé correctement !
Il est vrai que certains logiciels ne sont pas complètement à jour, mais il ne faut pas oublier qu’il n’y a qu’une personne derrière le projet MLED. Quelques questions s’imposent : pourquoi un thème d’icone Faenza ? Pourquoi tant de haine ? Pourquoi Apache OpenOffice ?
Si vous aimez la Slackware Linux, la MLED pourra sûrement vous interpeller. En tout cas, ça change des trillions de dérivées d’Ubuntu ou de Debian GNU/Linux.
Mais c’est du grand délire cette distribution, elle s’adresse aux entreprises, avec une procédure d’installation aussi compliquée ? Donc le jour où le poste de travail de la secrétaire tombe en panne, ton informaticien va mettre 10 ans à comprendre comment on réinstalle le système.
C’est juste histoire de se la péter parce que slackware c’est badass alors que ubuntu et debian c’est pour les kikoos…
Non elle aurait du s’appeller Hardcoremetalbadass Linux 😉
Ou simplement que la Slackware a fait la preuve de sa solidité et de sa pérénité au fil des années ? C’est le genre de distribution qui tombe rarement en carafe.
Désolé mais je ne crois pas à ça. Pour avoir testé un bon paquet de distros Linux, même celles qui ont 10 ans de retard sur les paquets, tu tombera toujours sur des crashs ou des bugs a la con.
Je suis d’accord. Cependant, les bugs à la con sont parfois lié à une fausse manipulation du mainteneur ou un matériel un brin joueur.
salut !!
Merci pour cet article intéressant…
Juste une petite question : quel est l’intérêt réel de ce type de distribution ?
De rien pour l’article. L’intérêt ? Avoir une distribution clé en main avec une base pérenne. Il est vrai que la Slackware n’est née qu’en… 1993 😀
Je dois être bête, mais quel est l’intérêt de cette distribution au final ?
L’intérêt ? Avoir une distribution clé en main avec une base pérenne. Il est vrai que la Slackware n’est née qu’en… 1993 😀
Pratique le copier / coller.
Mouais, à rien quoi 🙂
Quand j’étais un peu plus jeune je m’étais amusé à télécharger (il me semble les X cd de la Slackware) mais j’avais renoncé, c’était au siècle dernier, maintenant je ne m’amuse plus.
Maintenant j’attends que certains comme toi fassent les tests ;D
A pluche.
3 CD de paquets, ou un DVD. Sinon, la première slackware, c’était quelque chose comme 25 disquettes 3,5 pouces.