Le HTML DRMisé ? Ultime volonté d’adapter l’internet à l’économie qui l’a précédée ?

L’internet… Ce bouc émissaire bien idéal qui a pris le rôle du Grand Méchant dans les propos des hommes et femmes politiques les plus conservateurs, et dans les propos des lobbys de production de contenus culturels, vous savez les machins fades et insipisde qui remplissent les médias classiques : aussi bien au niveau de l’audio, que de la vidéo et que de l’écrit.

En lisant un coup de gueule de Seb Sauvage, on peut comprendre l’étendue du danger et de la volonté de mettre sous le boisseau l’internet, vecteur de diversité. Je cite les morceaux intéressants :

Le draft s’appelle EME (Encrypted Media Extensions): http://www.w3.org/TR/encrypted-media/. C’est une API permettant de standardiser l’interfaçage des navigateurs et des systèmes de DRM. Dans la pratique, vous ne pourrez pas enregistrer les vidéos. Le navigateur passera le contenu chiffré au module DRM qui se chargera de décoder les trames.[…]
Certes, cette norme est uniquement orientée vidéo, mais après la vidéo, que croyez-vous qu’il va se passer ? Il y a plein de monde qui attend à la porte pour avoir sa petite couette confortable de DRM: Les photographes pour empêcher la « copie » de leurs photos, les maisons de disque pour restreindre l’écoute, les agences de presse et maisons d’édition pour empêcher le vilain copier-coller, les webmasters neuneus pour « protéger » leur code HTML/javascript.

Les industries culturelles – quelle oxymore déjà dans l’union de ce deux mots – n’a pas compris que les DRMs, la gestion (ou plutôt restriction) des droits numériques est rejetée par les utilisateurs et que c’est une impasse ? Autant une impasse que la dispendieuse Hadopi (41,48 millions d’euros dépensés en 4 ans) dont le bilan est plus que sujet à caution.

Que la volonté d’avoir une économie de rente – comme celle des droits d’auteurs qui font qu’Apollinaire ne s’est elevé dans le domaine public que 95 ans (au lieu des 70) après son décès (une sombre histoire de droits prolongé pour les personnes morte pour la France et les deux conflits conflits qui ont gelés le compteur) – est incompatible avec un réseau décentralisée, où la copie ne coûte rien en frais de reproduction ?

J’ai déjà exprimé mon point de vue sur la sodomie sans vaseline et avec du petit gravier coupant de portefeuille que constitue le prix des livres électroniques. Capital en avait aussi parlé en février 2012.

Aux yeux des tenants de l’industrie culturelle, l’internet est méchant : c’est la source de tous leurs soucis. Pour paraphraser Jean-Baptiste Poquelin, dans son ultime pièce « Le Malade Imaginaire » dans l’acte III, scène 10, on pourrait imaginer les tenants de l’industrie culturelle sous toutes les formes tenir le dialogue suivant :

« La baisse de vente des CDs ?
– L’internet !
– La baisse des ventes de livres ?
– L’internet !
– La baisse de fréquentation du cinéma ?
– L’internet !
– La baisse de vente des DVDs ?
– L’internet !
– Les Blu-Ray qui ne se vendent pas ?
– L’internet ! »

Et un extrait de la pièce de Jean-Baptiste Poquelin (la tirade commence vers 4 minutes 20 environ).

C’est vrai : la production en chaine d’artistes à la chaine comme des saucisses de Strasbourg, les créations qui ne sont que des reprises d’artistes en retraite rentière n’y sont pour rien. Comme les rentrées litteraires avec 500 à 600 titres en moyenne qui sortent en l’espace de quelques semaines et combien finiront au pilon sans autre forme de procès ? Avec quelques rentiers qui pourrait recopier l’annuaire et vendre des milliers d’exemplaires.

Sans oublier pour le cinéma, les nombreuses reprises ou redémarrage de série de films. Et les navets survendus comme en 2008 avec « Astérix aux Jeux Olympiques« .

Pour les supports DVD et Blu-Ray, il ne faut pas oublier que l’un est vieillissant et l’autre nécessite de s’équiper pour profiter réellement de la galette. Mais non, c’est l’internet, et donc les vilains pirates qui y sévissent qui sont coupables.

Surtout ne pas se remettre en cause, et vite étrangler ce tueur de profit qu’est l’internet…

2 réflexions sur « Le HTML DRMisé ? Ultime volonté d’adapter l’internet à l’économie qui l’a précédée ? »

  1. Peut on dire que l’on va perdre notre web2.0 ? ou qu’on l’a jamais eu ?
    Le Web est déjà suffisament fermé comme ça… la plus part des medias sont en flash…, Les réseaux sociaux aspirent les contenus, et j’en passe sur les calamités de cet ère 2.0
    Alors des DRM en plus…
    Moi c’est pas compliqué, si mes mesures de précaution ne l’acceptent pas, ça va se faire foutre.
    Je n’ai aucun doute que Firefox nous laissera le choix d’accepter cette merde ou non. Si une partie du web devient innacessible de part ces mesures, c’est que cette partie en vaux pas le coup, je ne m’en sentirai pas gêner.

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