Quand l’industrie de l’inculture est coupée de la réalité…

Vous allez me dire : encore un article avec du déjà-lu auparavant. Il est vrai que l’industrie de l’inculture n’ayant pas voulu voir arriver le virage du numérique fait passer des lois iniques, ineptes et coûteuse pour maintenir en vie un modèle qui est techniquement obsolète : la rareté.

En effet, si avant l’arrivée en masse de l’internet, la rareté qui permet de maintenir plus ou moins artificiellement des prix élevés pour les produits culturels (frais d’impression, de gravure, de numérisation, de reproduction de galettes contenant de l’audio et ou de la vidéo, frais de distribution et de stockage) permettait de justifier des prix presque exorbitants, ce n’est plus le cas depuis la dématérialisation croissante des produits culturels.

  • Frais de gravure et / ou d’impression : quels frais avec un fichier numérique ?
  • Frais de stockage : il est vrai qu’un fichier cela prend autant de place d’un boitier de CD /DVD / BlueRay. Et donc des entrepots qu’il faut rentabiliser
  • Frais de reproduction ? Euh, une simple commande de copie de fichier, cela coûte combien une fois l’original créé ? Peanuts ?
  • Dans le cas du livre électronique, il faudra m’expliquer pourquoi un livre au format poche est parfois moins cher que le livre numérisé… Car il n’y a plus de papier à imprimer, de colle à utiliser, de reliure à créer…

Etant allé hier matin me faire quelques courses – en plus du sacro-saint Canard Enchainé du mercredi – j’ai pu m’acheter de quoi manger pour une semaine pour environ 25 €… Soit 5 € de moins qu’un film au format Blue-Ray que je voulais acheter… Un film oscarisé récemment. Bref, quand j’ai vu que la galette plastifiée valait 29,99 €, j’ai eu d’un seul coup mal à l’arrière-train.

Le terme de scandale me vient à l’esprit. Bientôt, il faudra choisir entre manger pendant une semaine (mon budget alimentaire de célibataire endurci étant d’environ 25 à 30 € par semaine) ou s’acheter un film.

A croire que les grands noms de l’industrie de l’inculture cinématographique qui voudrait imposer le coup d’un film à la demande à 8 € pour une durée de vie de 48h00 sont complètement déconnectés de la réalité.

En gros, 8 euros, c’est le coût de l’abonnement annuel à la bibliothèque de ma ville pour les personnes sans emplois et / ou touchant les minimas sociaux…

Désolé, messieurs et mesdames, mais vous êtes dans un déni complet de la réalité.

Bien entendu, il y aura toujours des personnes qui téléchargeront car comme dit si bien Cyrille Borne, et que l’industrie de l’inculture meure de son inculture justement…

A une certaine époque la notion de licence globale c’est à dire une forme de cotisation sur son abonnement pour avoir le droit de télécharger tout et n’importe quoi, était vue comme une hérésie, aujourd’hui des candidats à la présidentielle présentent cette possibilité comme une alternative pour stopper l’hémorragie d’une industrie en crise. Je n’irai pas jeter la pierre, il doit y avoir des pages complètes du blog mentionnant qu’il fallait s’étonner qu’un gamin soit prêt à mettre 150 € dans une paire de chaussures fabriquée par des enfants chinois mais pas capable de payer un disque à 9.90 €. Sans certitude mais on peut quand même parier pour, d’ici à 10 ans la totalité de l’industrie culturelle aura basculé sous forme dématérialisée, si la licence globale n’est pas passée, on peut supposer qu’on assistera à des abonnements culturels chez des grandes boîtes comme Amazon qui devront elles aussi s’adapter. Tiens Google se lance dans la VOD, étonnant.

J’ai 38 ans, cela fera 15 ans au mois d’août prochain que j’ai été pour la première fois sur le réseau des réseaux. Et sans le piratage, bouc émissaire idéal, j’écouterais encore le boeuf bourguignon (cessons d’insulter la daube) proposé par les majors du disque. Sans internet, je n’aurais jamais découvert des groupes comme Dead Can Dance, Nine Inch Nails, Joy Division, des artistes comme Roger Subirana, SonoIo, et bien d’autres encore.

Bref, la prochaine étape : mangez ou cultivez-vous… Vivement que les dinosaures disparaissent… A croire que certaines personnes continuent de vouloir imposer leur loi alors que l’astéroïde qui va les faire disparaître est déjà à portée de vue.

Une réflexion sur « Quand l’industrie de l’inculture est coupée de la réalité… »

  1. « Etant allé hier matin me faire quelques courses – en plus du sacro-saint Canard Enchainé du mercredi – j’ai pu m’acheter de quoi manger pour une semaine pour environ 25 €… Soit 5 € de moins qu’un film au format Blue-Ray que je voulais acheter »
    très révélatrice comparaison, bien vu

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