De l’ultracrépidarianisme dans le monde linuxien…

L’ultracrépidarianisme, c’est « un comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée ». Merci wikipedia 🙂

Dans le monde linuxien, c’est assez répandu. L’exemple le plus fréquent est de parler d’une famille de logiciels, comme une distribution GNU/Linux, la pratiquer au quotidien depuis X ou Y années et considérer que l’on est à même de critiquer une autre famille.

Prenons mon propre exemple. 16 ans de mono-démarrage linuxien, dont 13 en tant qu’Archlinuxien, après 3 années dans le monde de la « debian pour être humain », j’ai nommé Ubuntu 🙂

Oui, je fais exprès de prendre cette vanne usée jusqu’à la corde concernant le duo Debian / Ubuntu. Cependant, il ne me viendrait pas à l’esprit de m’exprimer de manière hautaine sur la politique de découpage des logiciels de Debian.

J’ai horreur des logiciels découpés en plusieurs paquets du genre : binaires, documentation, en-têtes de développement, etc. Il est plus logique pour moi d’avoir un paquet tout en un.

Ce n’est pas pour autant que je vais vouer aux gémonies la Debian. Simplement, du point de vue d’une personne qui est habitué à l’absence de saucissonnage, cela est bizarre.

Peut-être que ce comportement de saucissonnage remonte à l’origine de la distribution et des connexions réseaux bien pourries des années 1990, qui obligeait à réduire au strict minimum la taille des paquets logiciels à récupérer. Pour des raisons de vitesse et de débit.

Qui n’a jamais connu le cri du modem ne pourra pas comprendre. Ce n’est bien entendu qu’une hypothèse et rien d’autre.

De la même manière, est-ce qu’une personne pratiquant une distribution donnée peut se permettre d’avoir des avis tranchés et définitifs sur une composante d’une autre distribution ? Si on restait réaliste, la réponse serait non.

Mais l’ultracrépidarianisme aidant, on se retrouve avec des jugements définitifs sur des technologies alors que la personne n’a dû pratiquer la dite technologie que durant une poignée de jours avant d’en tirer une conclusion. Ce serait comme comparer des pommes et des bananes car ce sont deux fruits.

Vous voyez où je veux en venir. Si on – et je m’inclus ici – pouvait éviter de balancer notre avis sur tout et n’importe quoi sans avoir un minimum de connaissances sur le sujet concerné, ça irait peut-être mieux.

Enfin, je dis cela, mais je dis rien 🙂

22 réflexions sur « De l’ultracrépidarianisme dans le monde linuxien… »

  1. Pour pinailler, je dirais que je suis d’accord à deux exceptions près :
    – Certains sujets comme la présence toujours plus importante des packages snap dans Ubuntu, ou l’utilisation d’outils plus proches de la putréfaction que de la péremption (on vous voit les nostalgiques de apt-rpm) peuvent quand-même prêter à avis. Mais c’est du détail.
    – Surtout, et ça c’est bien plus grave, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir écrire le vendredi si on a plus le droit d’être d’une mauvaise foi crasse sur des sujets qu’on ne connait qu’en surface ? La fin du troll du vendredi ? Quelle tristesse…

    1. Sur le premier point, c’est de la fossilisation désormais. Sur le deuxième point, il est étrange de noter que tout article qui pointe des dérives du monde du logiciel libre est automatiquement classé comme troll. Comme toute personne qui contredit les « progressistes actuels » est qualifiée de personne d’extrème droite.

  2. À noter qu’Arch lui-même découpe artificiellement certains paquets (certes, pas de façon aussi extrême que Debian). Exemple qui me vient à l’esprit : php. De là à dire si c’est un mal ou un bien…

      1. Des exceptions ?
        En regardant les packages sur le site :
        les Libs (plus rarement les Docs )sont assez souvent séparés

        ex, pris sur les derniers pkg mis à jour:
        pipewire
        pulseaudio
        mariadb

        Ceci dit, c’est ni bien ni mal, ce sont juste 2 approches différentes

        1. Où ai-je dit que le saucissonage des paquets était quelque chose de mal ? C’est juste la conséquence des conditions de l’époque en terme de réseau et de débit.

          Debian est née en 1993 à l’époque des connexions par modem où récupérer un paquet pouvait prendre un bon bout de temps. Archlinux est née alors que les connexions haut débit commençaient à se répandre, en 2002.

          Deux époques différentes, deux débits différents, deux points de vue justifiés. C’est tout.

  3. Il y en a qui mange du saucisson, d’autres seulement des légumes, à chacun sa came 🙂
    Enfin, je dis cela, mais je dis rien 🙂
    Ce sont toujours les extrémistes qui viennent mettre le boxon comme dans la vie.
    A pluche.

  4. Ohhh je ne sais pas qui t’a mis dans cet état-là, mais je pense que cela va devenir intéressant 🙂

    Concernant les personnes comme tu les nommes, il faut revenir quelque années en arrière y a 15 ans quand j’ai débuté avec la ubuntu 7.04 il y avait cette engoumant, vouloir aider, propager plus qu’une idée, une façon d’utilisé l’informatique…

    Aujourd’hui on a des personnes qui save lancer une machine virtuel ou simplement mettre à jour linux mint ont les prend pour des génies numériques…

    Nb: désolé pour les fautes de frappe je me forme au qwerty

  5. Une autre utilisation utile du découpage, est par exemple la partie dev comme nomdupaquet-programme qui contiendra le programme à faire fonctionner et un autre nomdupaquet-programme-dev qui contiendra uniquement tout ce qui intéressera les devs.

    On a aussi la découpe des serveurs et gui, un programme qui normalement peut se lancer aussi bien en interface graphique et aussi sans interface donc en démon ou via le terminal, il n’y a aucune raison de garder celui qui nous intéresse pas. Sur mes serveurs je ne veux pas que les application m’embraquent leurs interface plus tout ce qui va en ressortir dont X et un bureau.

    Bref, le découpage est utile.

    Maintenant pour le reste, bah ça rejoins bizarrement ce que je dis dans un billet récemment:

    « Généralement on me parle d’obsolescence et pour expliquer qu’ils ont raison, les gens me donnent l’exemple de Libreoffice, alors je ne sais pas vous mais ma Debian a un Libreoffice 7.3 via les backports. Alors j’entends les mêmes ignorants dire que les backports sont du bricolage, je leur répond que les backports est un services ou un dépôt officiel de Debian, que Debian depuis plusieurs versions maintenant a officialisé ces dépôts et que le projet offre le même sérieux sur ces derniers que sur le reste des travaux du projet. Je dirai aussi pour en être dans le secret des dieux, que les paquets des backports doivent suivre à la lettre un règlement très stricte, que la version du paquet voulu dans les backport doit déjà être présent dans Sid ou mieux Testing, qu’il doit rien casser, qu’il doit fonctionner (c’est logique), qu’il doit pour exister soit combler un bug ou une faille ou encore une demande de fonctionnalité… »

    Mais je trouve quand même important d’avoir le droit à la critique et ce même si on dit une connerie, j’ai vu la sortie de slackware 15, j’ai donc testé et je trouve des défauts ou du moins un coté totalement archaïque mais assumé sur la gestion des paquets. Je suis sûr qu’il y a des gestionnaires de paquets qui feront ce que nous avons avec apt, dnf ou pacman…, mais je n’ai utilisé que ce qui était livré et honnêtement c’est pas super, pas de gestionnaire de dépendances, obligé d’installer 15 go de DVD pour ne manquer de rien et ne pas se casser les dents avec les deps… J’ai quand même le droit de dire que c’est archaique ou non? que c’est d’un autre temps ou non?

    Sur ceux à plus.

    1. Le découpage a son utilité, spécialement dans le monde professionnel et des serveurs pour limiter la charge. Pour un particulier qui ne veut qu’utiliser son ordinateur, que les paquets soient découpés ou pas, c’est un sujet sans le moindre intérêt.

      Tu es habitué aux paquets deb (que je n’ai pratiqué que 3 ans sur les 16 dernières années) et à leur résolution de dépendances.

      Slackware ne propose pas de gestion de dépendances car à l’époque de sa naissance, c’était un véritable enfer à gérer.

      Archaïque ? Oui. Elle fait juste son âge et c’est sûrement la plus conservatrice encore en vie. Elle fêtera ses 30 ans en juillet 2023.

      1. « Le découpage a son utilité, spécialement dans le monde professionnel et des serveurs pour limiter la charge. Pour un particulier qui ne veut qu’utiliser son ordinateur, que les paquets soient découpés ou pas, c’est un sujet sans le moindre intérêt. »

        Enfin comme dit d’autres dans les commentaires, la partie devel et doc ne sont utiles qu’à très peu de personnes, donc autant les retirer.

        Bon je sais que de nos jours les disques de nos ordinateurs sont moins limités qu’à une époque, mais tout de même. Je sais que la fibre est pratiquement une norme, mais encore dans quelques coins il n’y a même pas l’ADSL. Bon avec la fibre ça va vraiment vite et autant qu’avant on mettait plus de temps à télécharger que installer maintenant c’est le contraire.

        Le découpage des paquets ne posent pas de soucis, au contraire c’est un avantage, je sais plus qu’elle paquet sur une distribution venait avec plus de 1000 paquets représentant 2 go de données; là pour le coup le découpage a été mal fait alors que sous Debian, je suis avec moins de 30 paquets juste le minimum pour la même chose.

        Après je n’ai connu pratiquement que ça, que ce soit RPM, DEB, même Gentoo-like puisque tu utilises des flags qui font la même chose (plus ou moins).

        1. Pour les parties doc (quelle horreur, de la documentation à lire !) et développement, ça peut toujours servir. Même si ce n’est qu’une fois par an 🙂

          Parfois ou souvent, les paquets binaires sont plus gros que les en-têtes de développement et la documentation réunie 🙂

          Pour la fibre, je comprends largement. J’ai attendu d’avoir la fibre depuis près d’une douzaine d’années avant d’y accéder pour de bon. On voit ainsi les serveurs qui brident les envois, ce qui est largement moins visible en ADSL/VDSL.

          Le découpage doit être fait à bon escient. Histoire de ne pas se retrouver avec 15 paquets pour la moindre bibliothèque un peu sensible comme mesa par exemple.

          Si le découpage n’est pas fait à la scie sauteuse avec une crise chronique de hoquets, tant mieux.

          Comme tu le précises, tu n’as pas connu les paquets tout-en-un. Quant à la Gentoo, j’ai autre chose à faire que compiler le système puis les mises à jour 🙂

          Oui, c’est un énorme troll des montagnes, mais à chacun de mes essais de Gentoo ou Funtoo se résume plus à compiler le système qu’à l’utiliser au final.

  6. Bonjour,

    l’ultracrépidianisme sévit aussi (et avec des conséquences autrement plus dommageables) dans d’autres domaines: les « débats » télévisés (pas seulement sur sur CNEWS), les hommes et femmes politiques qui ont réponse (et solution) à tout et parfois prennent pour le docteurs Diafoirus « Le poumon, vous dis-je, le poumon » (remplacer « le poumon » par: les immigrés, les riches, les musulmans, les juifs, les assistés, la big pharma, les patrons, les syndicats, en résumé « les autres »). Les recettes du populisme et notamment l’usage des boucs émissares sont bien établies et les media leurs servent de caisses de résonance. Qui ose dire quand on lui tend un micro « là-dessus je ne suis pas compétent »? Sans oublier les commentaires des experts en tout sur les journaux en ligne. j’échappe en général à ceux sur les réseaux dit sociaux, que je fréquente fort peu.

    Sinon, Slackware (et Slint) non plus ne coupent pas les paquets en fines tranches. Heureusement pour moi, j’en ai ainsi bien moins à maintenir. En plus ça me permet de faire mon marché dans les PKGBUILDs d’Arch, notamment ceux des AUR en cas de besoin 😉

  7. > Peut-être que ce comportement de saucissonnage remonte à l’origine de la distribution et des connexions réseaux bien pourries des années 1990, qui obligeait à réduire au strict minimum la taille des paquets logiciels à récupérer. Pour des raisons de vitesse et de débit.

    Je ne pense pas que la capacité du réseau soit un critère (même s’il a pu l’être au millénaire précédent)

    Certes la taille de l’installation reste importante, en particulier peux ceux qui utilisent des containers dans les offres « cloud », car cela peut impacter la facture.

    La documentation est souvent volumineuse et peu utilisée. Seul les développeurs en ont besoin, et ils préfèrent souvent utiliser la doc. en ligne.

    Ensuite pour la partie « devel », encore là, cela n’intéresse que les développeurs, pour des raisons de sécurité et ils généralement déconseillé d’installer les outils de développement sur une machine en production (compilateur, entêtes, …)

    Et règle simple, moins tu installes de code, moins tu trouveras de bugs 😉

    (et j’ai souvent entendu le cri du modem)

    P.S. après on est d’accord que la critique est facile et trop souvent émise sans grande connaissance du sujet…

    1. Je pense – hypothèse à confirmer ou infirmer – que les débits des années 1990 ont dû aidé à la production de paquets aussi légers que possible.

      Tu parles du point de vue de l’informatique professionnelle dans laquelle je suis complètement largué. Je parle uniquement de l’informatique personnelle, et c’est dans ce cadre que je m’exprime.

      Il est vrai que le moins de paquets tu auras, le mieux ce sera, surtout avec la taille des SSD qui sont encore loin d’attendre les capacités d’un disque mécanique, même si la différence diminue.

      Pour ton PS, je ne puis qu’applaudir des deux mains.

    1. Justement non, ce n’est pas difficile du tout de reconnaitre son ignorance dans tel ou tel domaine.
      Le seul vrai mystère, c’est pourquoi tant de personne rechignent à le faire.
      Fierté mal placée ? Volonté de paraitre le plus malin ?
      Certainement une connerie dans le genre…

  8. Quand on parles de découpage logiciel, j’aime bien prendre pour exemple texlive, distribution LaTeX présente sur bon nombre de distribution. L’installation complète, c’est 7600 paquets différents pour un peu plus de 3Go. Sur les distribution deb et Arch, il y a 84 meta-paquets si je me trompe pas. Sur les rpm, 2 paquets rpm par paquets texlive, un pour le paquet, un pour la doc. Entre Fedora et Opensuse, une installe la doc par défaut et pas l’autre, mais qui fait quoi ….
    J’ai pas besoin de grand chose, mais un peu de chaque meta-paquets des distros, donc si je les utilise, j’en arriverai à une installation quand même plus conséquente. Mes modèles de documents sont fait, j’ai pas besoin de documentation, tout ce que je veux c’est que ça fonctionne. Donc entre une installation de 600Mo et une autre de plus de 2Go pour le même taf, comment dire, j’ai vite fait mon choix.
    Au final, j’utilise l’installateur du CTAN, ça fait un gestionnaire de paquet à part, mais ça marche bien.
    Je conçoit que l’exemple soit excessif et radical, mais personnellement, je préfère l’approche de n’installer que ce que j’utilise vraiment. Concernant Arch, il n’y a pas vraiment besoin de découper les paquets, car tu peux utiliser les règles NoExtract si tu veux limiter l’installation des langues et de la documentation par exemple.
    Si tu veux regarder du côté d’OpenSuse, tu as environ 3 paquets par softs en général : le soft, le paquet de langue et la doc. Je pense qu’elle découpe encore plus que Red Hat. Je sais, t’aime pas les caméléons, mais OpenSuse sans Yast, ça marche aussi très bien.

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