Dans un article récent, je parlais de la bande passante consommée pour charger le contenu non-informatif de certains sites, qui est parfois énorme. Mais à une époque pas si reculée que cela sur le plan humain, il y a une quinzaine d’années, donc entre 1999-2001, la publicité était utilisée tel un miroir aux alouettes pour séduire les internautes.
Pour mémoire, un miroir aux alouettes est définit comme étant un : « Piège, leurre, dispositif trompeur. »
Il faut se souvenir que l’ADSL n’a commencé à se démocratiser que vers 2001-2002 en France, pour ne prendre son élan que vers 2003-2004. Donc jusqu’en 2004, les connexions à très bas débit, celle qui nécessitait d’accrocher la porteuse était la norme.
Les abonnements pour 10, 20 voire 50 heures mensuelles coutaient assez cher. D’ailleurs, le troublion de l’internet français fera très mal à la concurrence en annonçant son accès ADSL à 30€ par mois, alors que les autres FAI faisait payer 45 voire 60 € par mois.
Je ne me lasse pas de voir Stéphane Treppoz, PDG d’AOL à l’époque apprendre la mise à mort de son abonnement à 45€.
Mais revenons donc à notre miroir aux alouettes. Donc, pour aider les internautes à faire baisser les coûts de leur accès à Internet, deux idées sont proposées.
La première, un abonnement gratuit de 18 heures mensuelles mais à une seule condition : avoir une barre publicitaire qu’il faut cliquer régulièrement, activité se surveillant par le mouvement de la souris. C’est le modèle proposé par Oreka.
Des personnes finirent par développer un outil qui cliquait automatiquement sur les bannières publicitaires, ce qui mettait à mal le modèle économique. L’offre fut rapidement abandonnée, et Oreka décèdera en 2005. Je vous renvoie à ce vieil article de mai 2005 de NextInpact (qui s’appelait PCInpact à l’époque).
Mais il y avait un autre outil, la barre publicitaire classique. Ce fut le modèle de la plus célèbre d’entre elles, Mediabarre.
Ah, la Mediabarre. Certains la surnommait merdenbarre, ce qui exprimait les doutes sur les rémunérations effectives des internautes utilisant le dit logiciel. Utilisant le même principe d’Oreka, il était cependant indépendant de tout fournisseur d’accès.
Cependant, les gains des utilisateurs étaient faibles, et pour accumuler les 100 francs (15€) nécessaire à un versement il fallait patienter un petite éternité.
J’ai retrouvé les infos techniques sur Mediabarre concernant la rémunération, sur un vieil article de 01Net.
Je vous les recopie ci-dessous :
– Rémunération horaire : 5 centimes par bandeau affiché, 20 % par filleul direct, 10 % par petit-filleul, 5 % par arrière-petit-filleul, 2,5 % par arrière-arrière-petit-filleul
– Mode de paiement : virement
– Niveaux de parrainage : 4
– Quota mensuel maximum : pas de limite
– Montant minimum pour paiement : 100 francs
Donc, pour atteindre les 100 francs en restant seul, il fallait afficher quelque chose comme 2000 panneaux publicitaires et cliquer dessus.
Le système ne fonctionnait pas trop bien, et dès 2001, des articles laissaient penser à un dépot de bilan proche.
J’ignore si Mediabarre a déposé le bilan ou s’il s’est caché sous un autre nom. En tout cas, cela prouve que les personnes qui disent que la publicité est essentielle à la gratuité des sites internet ont une mémoire à court terme… Ou n’ont pas connu l’époque lointaine des premières connexions ADSL.
Je me souviens d’un article dans les publications ACBM (le Virus Informatique et autres) sur ces barres magiques.
En fin de vie, elles changeaient leurs conditions générales toutes les semaines, repoussant les paiements et baissant les rémunérations. Elles sont toutes parties avec la caisse (enfin, le peu qu’il y restait, je suppose) sans payer les membres (à part quelques gros parrains).
Et surtout, c’était le flou total au niveau de la déclaration aux impôts ! Les barres refusaient même de répondre quand les membres posaient cette question (« comment on déclare ? »).
Salut Fred !
Sans vouloir être rabat joie, c’est Stéphane TrEppoz et non Trippoz.
Sinon, encore une fois excellent billet, continue!
Oups, corrigé 😀