Vouloir des distributions GNU/Linux 64 bits uniquement en 64 bits, un combat d’arrière-garde ?

Depuis que j’utilise des distributions GNU/linux 64 bits en dur sur mes machines (quand j’en ai la possibilité), c’est à dire depuis environ 7 ans, bientôt 8. Le premier article où je parlais vers une migration vers une distribution GNU/Linux 64 bits, c’était à l’époque de la Ubuntu Edgy Eft… Alias 6.10 🙂

Au début, il fallait jouer avec des enrobeurs comme nspluginwrapper pour des greffons non libres comme Adobe Flash pour être tranquille. Il y a deux ans, à quelques semaines près, je rédigeais un billet un brin optimiste.

Cependant, les distributions qui se disent 64 bits en oubliant de préciser que pour certains logiciels, dans 99,9% des cas non libres, elles doivent rajouter une couche 32 bits plus ou moins épaisse.

Il est vrai qu’au fil des années et des billets, j’ai écrit des billets trempés dans l’acide sulfurique, comme à l’époque où je disais que la distribution au caméléon était la première distributions 48 bits !

Les logiciels non-libres qui justifie l’emploi d’une couche plus ou moins épaisse de bibliothèques 32 bits ? On peut les résumer principalement à deux grands noms : Skype et Steam.

Je sens arriver déjà les arguments : Skype, c’est indispensable dans le cadre professionnel. Tu ne veux pas de jeux sur Linux ? Comme s’il n’y avait pas eu de ports de gros titres avant l’arrivée du messie Steam. Je dois avoir la mémoire qui flanche.

Un exemple parfait de distribution qui s’annonce comme 64 bits mais qui rajoute une couche 32 bits ?

La première qui me vient à l’esprit, c’est l’excellente Manjaro Linux. Je comptais faire un billet avec la sortie de sa version 0.8.8, mais quand j’ai tapé un simple yaourt -Ss lib32 | grep installed | wc -l , j’ai compris qu’il fallait que je pousse un coup de gueule. 52 paquets sont listés.

Coup de gueule que je pourrais reproduire sur la plupart des distributions plus ou moins grand public qui s’affirme en 64 bits. Manjaro Linux ne déroge pas à la règle sur ce plan précis 🙁

Si on demande la suppression du paquet lib32-glibc (le point central des paquets 32 bits), on peut voir que dans la liste, on retrouve : steam, manjaro-alsa et manjaro-pulse. En clair, le son partira avec les paquets 32 bits 🙁

Mis à part ce point qui horripile le geek barbu et myope que je suis, la distribution Manjaro Linux est une des meilleures que je connaisse.

Je comprends très bien l’idée qu’il faille rendre les distributions GNU/Linux plus attractives envers les utilisateurs « lambda ». Et que des outils comme Steam (non libre jusqu’à preuve du contraire) aidera.

Mais cela doit-il se faire au détriment des distributions GNU/Linux en 64 bits ? Surtout que les machines commencent à être enfin équipée de 4 Go de mémoire vive en standard ? Du moins, si j’en crois la demi douzaine de PC fixe et la douzaine de portables mise en vente dans les grandes surfaces proches de chez moi ?

Dans un vieil article, en 2008, je disais que l’architecture 32 bits avait mis 15 ans, presque 16 entre le premier CPU 32 bits d’Intel et le premier OS grand public vraiment 32 bits.

Les CPU 64 bits grand publics existent depuis 2003. On peut se dire que le combat d’arrière garde qui consiste à dire OS 64 bits avec CPU 64 bits va encore durer 5 à 6 ans.

20 réflexions sur « Vouloir des distributions GNU/Linux 64 bits uniquement en 64 bits, un combat d’arrière-garde ? »

  1. Tu as des exemples plus parlants / navrants : Firefox.
    Pas de 64 bits officielles.
    IE par contre y’a une 64 bits o.O.
    Le tout 64 bits, c’est pas pour demain, comme le tout « pas de Flash », etc.
    Malheureusement 🙁

  2. Là, je dois dire que je ne comprends pas. Qu’est-ce qui se fait au détriment de quoi au juste ? Pour parler de ce que je connais, un travail considérable a été fait dans Debian pour pouvoir installer de façon propre des logiciels ou des bibliothèques en 32 bits sur des systèmes 64 bits — entre autres — sans aucune conséquence sur le reste du système. Du coup, on a un système 64 bits normal, avec des trucs en 32 bits pour les logiciels qui ont gardé une décennie de retard.

  3. Explique-toi d’abord sur l’utilité du système tout 64 bits. D’aussi loin que je sache, les avantages sont dérisoires, et ont historiquement toujours été une histoire de publicité.

    « Mon dieu, ils sont toujours sur l’architecture i486 ! » -> Et alors ? S’il y a pas de véritable écart de performance, aucun, niet, nada. Pourquoi est-ce préocupant ? Quel est l’objet de la plainte ?

    1. Pourquoi marcher quand on peut ramper ? C’est le même principe qui s’applique ici.

      Le bug de 2038, c’est aussi de la publicité ?

      Avantages dérisoires ? Utiliser les capacités de son matériel, c’est dérisoire ? Bah, je réponds toujours la même chose : si tu veux du 32 bits, achète un CPU 32 bits.

      Et clique sur les liens de l’article, je m’y explique plus longuement. Avec ta remarque, je pense à une expression : c’est comme pisser dans un violon. Nous resterons sur nos positions, et toute discussion sera condamnée à tourner en rond.

    2. Pour faire une réponse constructive, il est vrai que le 64 bits a été un argument marketing pour AMD en 2003 (ils avaient même un partenariat avec le jeu Far Cry pour proposer du contenu additionnel réservé aux processeurs 64 bits). Mais la sauce n’a pas pris et finalement les choses viennent au fur et à mesure d’elle-mêmes.

      Le 64 bits offre les avantages suivants :
      – Support « propre » de plus de 4GB de ram (j’ai 16GB sur mon notebook pour la virtualisation, et dans ma boite nous avons des serveurs avec 128GB…)
      – Nettoyage des vieilles instructions qui ne sont plus utilisées
      – Pas de bug de l’an 2038
      – Des performances accrues selon l’usage et l’application (bien sur ça ne fait pas démarrer ton OS plus vite, car là tu es plutôt dépendant du disque dur, mais sur certains encodeurs vidéo il y a un sacré gain)

      Il suffit de se demander pourquoi Microsoft ne distribue son OS serveur qu’en 64 bits depuis 2008R2, ce n’est certainement pas par hasard.

      Je suis en Linux 64 bits depuis 2006, sur cette période là il fallait un peu bidouiller pour certains trucs propriétaires, mais aujourd’hui ce n’est plus nécessaire, tout fonctionne de manière transparente.

      Dans ma boite nous mettons du Windows 7 x64 depuis bientôt 2 ans.

      1. Sans oublier qu’avec le renouvellement, les OS 64 bits s’imposeront d’eux même. C’est pour cela que je disais qu’il faudrait attendre encore 5 ou 6 ans de polémiques pour avoir la paix.

  4. Je suis resté longtemps en 32 bits car pas devrai besoin.
    Mes 1ers essais en 64 bit (il y a bien 3-4 ans) m’avait fait regretter le 32, et y revenir : des trucs qui ne marchaient pas, pas de perfos significativement meilleures. Je sais certains avantages énormes du 64 sur 32, mais ils ne servent à rien pour mon utilisation.
    Depuis bien 1 an, je suis en 64 bits( avec bien sûr du 32 caché) et ne vois pas de différence. Ça marche, avec un peu plus d’utilisation de RAM (mais pas grave) et c’est stable.
    Alors ok avec toi pour dire d’aller vers le 64, que c’est forcément l’avenir, qu’un jour le développement du 32 ralentira (on trouve encore combien de distributions qui tournent sur du 16 bits ?)
    Mais pas ok pour le « Pourquoi marcher quand on peut ramper ? ». C’est trop marketing pour être crédible.

    1. L’histoire du « Pourquoi marcher quand on peut ramper » était une réponse du berger à la bergère. Car je trouvais la remarque un peu forte de café. Et j’avais envie de répondre ironiquement.

      Il y a bien un port de linux vers les machines 16 bits (elks), mais j’ignore si le projket est encore vivant. Et côté 64 bits « pur », je le fais depuis des années sans trop de problèmes.

  5. Oui, c’est incroyable ce frein au changement… (typiquement français ?)

    Et pourtant, les mêmes veulent la dernière version de leur navigateur préféré…. dans les minutes qui suivent son annonce (et je parle de l’iPhone5).

    Bref. J’ai bossé en 64 Bits sous HP-UX il y a plus de 15 ans, est la plupart des applications libres fonctionnaient déjà (oui, oui, je faisait déjà tourner gcc, apache ou PHP). Les distributions Linux fournissent des versions 64 bits depuis au moins 10 ans (Fedora Core 1 était déjà dispo pour x86_64, alors que, si je ne me trompe pas, RHL 9 était encore uniquement i386, enfin j’ai pas trouvé de trace d’une iso x86_64).

    Perso je tourne en x86_64 depuis 7 ans http://blog.famillecollet.com/post/2006/11/11/244-enfin-une-nouvelle-machine

    Donc, pour les frileux, inutile de vous inquiéter, on a essuyé les plâtres pour vous, et depuis le temps, ils sont bien secs 😉

    1. Et pourtant, les mêmes veulent la dernière version de leur navigateur préféré…. dans les minutes qui suivent son annonce (et je parle de l’iPhone5).

      Que c’est vrai 😉

      Les platres sont maintenant décorés. Et ça doit faire bien 4 ou 5 ans que je n’ai plus eu besoin d’avoir des outils comme nspluginwrapper…

  6. Salut Fred,
    une petite correction: il est tout à fait possible de désinstaller manjaro-alsa et manjaro-pulse sans perdre l’usage du son; ce sont juste des meta-paquets, et leur dépendances ne partiront pas (tant que tu utilises juste l’option -R de Pacman).
    partant de là, si tu n’utilises pas de logiciels en 32 bits, tu peux également faire sauter toutes les lib32, et désactiver le dépôt multilib, ça n’aura aucune conséquence; du reste, il me semble que là-dessus, c’est pareil sous Arch, sauf que Arch n’impose pas la présence de Skype ou Steam (logique tu me diras).
    perso, je n’ai plus ces meta-paquets, et j’ai du son 😉

    @+
    Loubrix

    PS: je profite que je suis là: j’ai trouvé « mémoires de vieux geek » très sympa, d’une écriture très agréable; à quand quelque chose de plus long ?

  7. Sur ma Ubuntu Gnome 13.10 je n’ai pas constaté ce genre de soucis de paquet 32 bit. Du moins pas avec une installation par défault et standard.

    Après il y a certe quelque logiciel comme skype, steam, wine ou play on linux qui dépendent de librairie 32 bit. Mais sans ces logiciel spécifique pas indispensable on peut avoir une distribution full 64 bits.

  8. Salut Fred!
    pour prendre la défence naïve de Manjaro, cette distribution est orientée tout comme Ubuntu « full out the box » c’est à dite prète à l’emploie de suite! Donc, oui pour que celà fonctionne au mieux des lib32 sont présentent….
    Tout ça pour dire, que pour l’utilisateur moyen que je fais partie, oui mais mise à jour sont un peu plus grosses que si j’étais full 64 bites…, et après? 😉

    Après? tournée sur une vraie distrib fuull 64 bites faite à la mano comme Arch 🙂

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