Quand on vous disait que le modèle de financement par la publicité, c’était du flan…

On va dire que je suis un méchant publiphobe, mais une preuve a été apportée récemment sur la non-viabilité du modèle de financement des sites internet – en dehors du manque d’indépendance des sites vivant partiellement de la publicité, c’est vrai « Qui mordrait la main qui le nourrit ? » – c’est l’annonce faite par PC-Inpact de passer en partie payant, du moins sur une partie du contenu qui sera en exclusivité temporaire aux personnes ayant décidés de s’abonner.

Comme l’a précisé Cyrille Borne dans un article fleuve dont lui seul a le secret, donne les traits à ce quoi ressemblera la presse informatique internet indépendante : une peau de chagrin, qui comme dans le roman d’Honoré de Balzac réduira à vue d’oeil.

PC-Inpact est le seul site sur lequel mon bloqueur des pub est désactivé, cependant, je ne pense pas m’abonner pour le moment. Si j’ai un abonnement auprès de Mediapart (depuis en gros 2 ans et demi), je sais que j’aurais des enquêtes sans concession, de l’info indépendante, et non pas du réchauffé vite et mal traduit de gros médias anglophone.

PC-Inpact est un des rares sites d’informations qui ne se résume pas à de la photocopie de communiqué de presse. Comme pour le monde des opérateurs de téléphonie mobile, une rationalisation va se produire. Et nombre de petits sites mettront la clé sous le paillasson en croyant que leurs lecteurs sont suffisamment lobotimisés pour ne pas savoir mettre en place un bloqueur de pubs… Ou encore en les croyants incapables de rechercher les informations sur d’autres sites qui produisent du contenu au lieu de le photocopier.

Le point triste est la disparition de sites, mais combien de fois a-t-on annoncé la mort de la toile ? Une fois par an, en moyenne, que ce soit par des sites comme le maltraiteur de caprins, le push (en 1997-1998) pour ne citer que deux exemples qui me viennent à l’esprit.

Le financement publicitaire des sites, c’est du flan pour une simple raison : l’overdose des utilisateurs. Ca me rappelle un épisode de Futurama où Philip J. Fry se plaint que la publicité envahissent les rèves. C’est l’épisode 1-6, « A Fishfull of Dollars » et en VF « Cinquante Millions de dollars d’anchois »

Autant dire que le méchant utilisateur, qui veut garder un minimum de santé visuelle, auditive et mentale, passe par l’installation d’un bloqueur de publicité. Qui n’a jamais connu le cas d’une séance de navigation sur la toile, alors qu’on écoutait un album qu’on aime bien parasité par la dernière diarrhée musicale commerciale le dernier « tube de l’été » ? Insupportable, non ?

Comme le dirait si bien Cyrille Borne, l’internaute est une méchante personne : comme pour la radio ou encore la télé, on peut couper le son, aller voir ailleurs si un besoin organique ne se fait pas sentir durant la propagande commerciale. Et durant des années, l’internaute s’est habitué à payer peu ou pas les informations auxquelles il a fini par avoir accès.

Cela me rappelle une sortie de Bill Gates. Il n’avait pas complètement tort, comme en 1998, à propos du piratage des logiciels en Chine :

Although about three million computers get sold every year in China, people don’t pay for the software. Someday they will, though. And as long as they’re going to steal it, we want them to steal ours. They’ll get sort of addicted, and then we’ll somehow figure out how to collect sometime in the next decade.

Ce qu’on peut traduire par :

Bien que près de trois millions d’ordinateurs soient vendus chaque année en Chine, les gens ne paient pas pour le logiciel. Un jour, ils le feront. Et aussi longtemps qu’ils vont voler du logiciel, nous voulons qu’ils volent le nôtre. Ils deviendront en quelque sorte dépendants, et ensuite nous allons en quelque sorte comprendre comment récupérer une partie des sommes dans le courant de la prochaine décennie.

Peut-être avait-il minimisé la montée en puissance du logiciel libre il y a 15 ans de cela. On a rendu les gens accroc à l’information gratuite, et maintenant on veut les faire passer à la caisse. Dommage que la rareté chère à l’économie réelle soit obsolète sur l’internet.

D’ici un an ou deux, nombres de sites auront disparus, et il y aura surement l’obligation de payer pour avoir accès une partie de l’information. Internet a révolutionné les sources d’informations, devenues multiples. Et donc interchangeables sans gros problèmes.

Les sites qui ne vivent que de la publicité – en dehors d’une vision court terme radicalisée et théorisée – ne peuvent faire qu’une chose : culpabiliser l’internaute, leur promettre l’apocalypse car les internautes ne veulent plus avoir un bon quart voire un tiers de la surface de leur écran phagocyté par du contenu non informatif.

C’est tellement facile d’accuser les autres de ses propres fautes au lieu de se remettre en cause. Et surtout de ne pas voir qu’on scie la branche sur laquelle on est assis. Pour finir, aux moralisateurs et autres culpabilisateurs, je ne leur répondrais qu’une chose : vous avez tendu le bâton pour vous faire battre. Ne venez pas vous plaindre d’avoir les fesses et le dos en bouillie !

3 réflexions sur « Quand on vous disait que le modèle de financement par la publicité, c’était du flan… »

  1. c’est assez con la pub, si j’ai pas flash, c’est le meilleur bloqueur qui soit 😀

    est-ce que les sites de news demandent de l’installer ?

      1. oui c’est sur, mais une bonne partie tout de même, je trollais juste un petit peu, pour moi la pub est insuportable et n’est pas concevable comme choix de société.

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