Le mouvement #geonpi, une vaste arnaque ?

Une révolte est née parmi les auto-entrepreneurs et les entrepreneurs tout court. Ils se plaignent qu’on les prennent pour des pigeons, qu’ils doivent s’acquitter dans le projet de la loi de finances 2013 d’une taxe de 60,5%.

Oui, mais sur quoi précisément ?

Cet article, au titre qui sent bon le vitriol, de contrepoints.org éclaire les 60,5% en question, je cite le morceau en question sur la taxe.

Je ne connais pas un seul fondateur de startup qui acceptera l’idée que, en créant une entreprise dans laquelle il va investir toutes ses économies et des années d’efforts, souvent sans se payer, il donnera à l’État 60,5% de son gain quand il vendra sa boite s’il réussit. Il faut savoir que 9 startups sur 10 échouent, et dans ce cas personne ne rembourse le fondateur.

Vous avez bien lu, 60,5% en cas de revente de l’entreprise. Jusqu’à preuve du contraire, si on monte une boite, ce n’est pas pour la revendre quelques années plus tard. Sinon, quid d’entreprise comme FaceBook, Google, ou encore Iliad, même si Iliad est née avant la folie des startup qui a connu son heure d’infamie avec l’explosion de la Bulle 1.0.

Et il est connue que toute personne qui se mets à son compte fonde une start-up, même le plombier qui se met à son compte en parallèle d’une activité salariée 🙂

Un peu plus haut dans l’article en question, on parle du « haro sur les autoentrepreneurs ». Un excellent article de Seb Musset remet aussi un peu les points sur les « i ».

Des auto-entrepreneurs sont en colère contre le gouvernement, ce dernier ayant décidé (il parait) de réformer (comprendre: ils vont payer des impôts comme les autres entrepreneurs) leur régime préfabriqué par la droite, concurrençant au passage les artisans dans un dumping salarial éhonté.
[…]
Je me suis toujours méfié de l’auto-entreprise avant même sa création (relire ce texte d’il y a 4 ans, je n’en change pas une ligne) qui, sur fond de crise, faisait entrer le loup de l’individualisme chez les plus jeunes. Depuis l’échec est prouvé: 9 auto entrepreneurs sur 10 gagnent moins que le SMIC, plus de la moitié ne génère tout simplement rien. Je m’étonne ainsi que, à part la micro bulle des quelques cas particuliers de consultants ou infographistes, bref du travailleur qualifié s’offrant au rabais et surreprésenté sur Twitter, on puisse encore trouver des gens pour la défendre sur la durée.
[…]
Penser qu’il est normal de bénéficier d’une fiscalité allégée tout en opposant leur courageuse activité à celle des « feignants de chômeurs » ou pire aux « fonctionnaires privilégiés ». (C’est l’axe argumentaire qui se dessine). Le « soldat auto entrepreneur » à 800 euros de CA s’estimant spolié, violé, victime de racisme (si, si je l’ai lu) constitue de la chair fraîche pour la secte libérale.

Les entrepreneurs de TPE, PME et PMI accuse souvent le méchant Etat – quelque soit sa couleur – de les écraser sous les taxes. Mais une simple question me vient à l’esprit ? Qui est responsable de la plupart des dépots de bilans ? L’Etat ou l’économie qui est en berne avec une politique d’austérité qui va encore atrophier la demande ?

J’ai travaillé dans une TPE du BTP qui a eu jusqu’à 7 salariés. Et pourquoi a-t-elle été obligée de déposer le bilan ? A cause de l’Etat ? Non. De mauvais payeurs qui n’ont pas aligner le moindre centime des factures qu’on leur adressait.

Les entrepreneurs de TPE, PME et PMI ne sont rien sans les personnes qu’ils salarient. Et qui sont elles aussi des pigeons. Quelques exemples ?

  • La baisse de la TVA sur la restauration qui n’a permis dans la plupart des cas que de consolider le fond de caisse des restaurants sans voir une vraie et réelle baisse de prix, ni une augmentation des embauches d’un secteur où le travail au black est la règle presque commune.
  • Les heures supplémentaires défiscalisées pour les boites pouvant se permettre de proposer des heures supplémentaires. De quoi se payer dans le meilleur des cas un ou deux menus MacDo supplémentaires à la fin du mois.
  • Les forfaits téléphoniques aux coûts prohibitifs durant des années, même si depuis début 2012, les prix se sont écroulés sans que la fin du monde ne soit arrivée.
  • L’escroquerie de l’accession à la propriété en prenant des crédits immobiliers sur 20, 25 voire 30 ans. En ignorant si on pourra aller jusqu’au bout du crédit, et si la maison ne vous a pas couté le double de sa valeur d’origine en travaux et intérêts, elle sera trop grand pour un couple seul.

Et je pourrais encore continuer. Pour le cas de l’accession à la propriété, je peux citer un couple de connaissance, endettés sur 27 ans (aux dernières nouvelles). La femme du couple en question, une bonne blanche bien chrétienne (au moins par tradition), en était à sa cinquième grossesse en 10 ans de vie commune.

Autant dire qu’elle aurait pu appeler son petit dernier ou sa petite dernière Caisse d’Allocations Familiale. Quand ils auront fini de payer la maison, il se retrouveront seuls dans une maison avec 5 ou 6 chambres, arrivé à l’age symbolique de la retraite. Quelle joie !

Enfin, je tiens à préciser ceci. Je vais bientôt commencer une prestation en OPCRE pour envisager de me mettre à mon compte en tant qu’auto-entrepreneur. Je sais très bien que durant la première année de mon activité, si j’arrive à me mettre à mon compte, si j’arrive au RSA socle mensuel, ce sera le bout du monde. Je ne me mets pas à mon compte pour m’enrichir. Non. J’ai juste envie de ne pas m’exclure du monde du travail. Cela fait un an que j’ai tout mis en place pour en arriver à l’OPCRE. Je veux tenter ma chance pour ne pas me dire : je n’ai pas essayé.

Alors, messieurs et mesdames du mouvement #geonpi, cessez de geindre. Vous n’êtes pas les premiers cocus d’un gouvernement, quelque soit sa couleur politique.