Voici donc la dernière partie des articles consacrés au « Hold-up planétaire », avec 10 années de recul. Texte qui n’a pas trop mal vieilli dans l’ensemble.
Commençons avec un certain Microsoft Windows NT4… Et sur les différences entre la version Serveur et client de base…
Page 78 :
« […]Pour comprendre à quel point la notion de prix est artificielle dans le monde Microsoft, il n’y a pas mieux que le cas d’école du système d’exploitation WindowsNT. La firme commercialise deux versions de WindowsNT : l’une, NT Workstation, pour les stations de travail (c’est-à-dire la machine client, qui reçoit l’information) vendue environ 2 000 francs. L’autre, NT Server, pour les serveurs (la machine qui diffuse l’information), vendue 6 000 francs. Cette dernière contient en outre une série de logiciels supplémentaires pour serveurs comme Internet Information Server, que Microsoft proclame être « gratuits ».
Or, que constate-t-on quand on regarde ce que contiennent vraiment les CD-Rom ? Si on enlève tout ce qui est artificiellement « gratuit », les deux programmes ont exactement les mêmes lignes de code… à quelques bits près. Il s’agit d’une entrée dans la base des registres qui contient « Workstation » ou « Server », plus un autre petit bit, bien caché, pour compliquer la tâche aux petits malins qui souhaiteraient épargner les quelque 4 000 francs de différence de prix.
Conclusion : si Microsoft dit vrai, c’est-à-dire que tous les logiciels compris dans NT Server (IIS, etc.) sont gratuits, alors ces deux petites clefs occupant quelques bits, sont facturées… 4 000 francs. Difficile, alors, de se débarrasser de la très désagréable sensation d’avoir été non seulement bernés, mais aussi arnaqués.[…] »
Affaire qui fit grand bruit à l’époque… Et certains utilisateurs ont préféré acheter la version serveur de Windows Vista pour en faire une utilisation « bureau »…
Page 116 :
« […]Prenons le cas d’un serveur de courrier électronique : alors que le programme Sendmail, gratuit et libre, fait marcher Internet depuis des décennies, la solution Microsoft Exchange Server pour la gestion du courrier électronique coûte, elle, 5 000 dollars (pour cinquante clients), et ne passe pas à l’échelle. C’est-à-dire que si vous avez 5 millions d’utilisateurs et non pas cinquante, les performances tombent à pic, comme le montre paradoxalement le cas de Hotmail. Hotmail, c’est ce serveur qui offre une adresse électronique gratuite à plus de 9 millions d’utilisateurs, et qui a été racheté par Microsoft en décembre 1997. Eh bien, Microsoft a voulu contraindre Hotmail à substituer WindowsNT à ses serveurs, qui utilisent un mélange de Sun Solaris et de FreeBSD comme système d’exploitation, et Apache 1.2.1 comme software. Mais la gestion de 9 millions d’utilisateurs s’est révélée une tâche trop ardue pour NT, et Hotmail a dû réinstaller Solaris .[…] »
Affaire cocasse résolue depuis. Hotmail tourne désormais sous MS-Windows 2003 Server (quid du 2008 Server ?). Cf http://uptime.netcraft.com/up/graph?site=hotmail.com
Page 119 :
« […]Linux n’est probablement pas encore mûr pour un usage très grand public, et si je me promenais dans les rues en criant haut et fort « Linux est la réponse à tous vos maux », je serais aussi malhonnête que ces commerciaux qui vous disent que « Windows est la seule vraie solution ». En effet, ce système d’exploitation ressemble pour l’instant à un moteur de Ferrari emballé dans une carrosserie vieillotte et peu attirante, du genre Simca 1000… alors que Windows cache un moteur qui explose tous les cents kilomètres sous une carrosserie rutilante à la mode.[…] »
La situation a changé depuis avec des initiatives comme Ubuntu, Fedora et OpenSuSE. Mais il est vrai que le chemin est encore long.
Page 120 :
« […]Enfin, on travaille activement pour accroître la convivialité de Linux. La première version stable de l’interface KDE est sortie en juillet 1998 (http ://www.kde.org) et le projet GNU step progresse à grands pas. GNUstep est une implémentation libre de OpenStep, un système commercial exceptionnel que j’utilise souvent encore aujourd’hui. C’est le bébé de NeXT, la deuxième firme de Steve Jobs, le mythique fondateur d’Apple et nouveau président par intérim, avec lequel NeXT a aujourd’hui fusionné. OpenStep a ainsi été rebaptisé Rhapsody, puis MacOsX. Le grand avantage d’OpenStep est que, tout en gardant les avantages d’un vrai système Unix sous le capot, il facilite le développement rapide d’applications conviviales. Sa disponibilité sous forme libre comme GNUstep pourrait être l’élément manquant du puzzle qui donnera à Linux, FreeBSD et toute autre version d’Unix libre, une carrosserie digne de leur moteur. C’est pour ça que je pense qu’il fait partie des projets auxquelles la Communauté devrait prêter attention.[…] »
Pas mal vu, même si GnuStep est loin d’avoir acquis la notoriété d’un KDE ou d’un Gnome né à la même époque.