Troisième partie de cet article consacré à un bilan du « Hold Up planétaire » de Roberto Di Cosmo.
Continuons avec un sujet motif à facheries, les virus…
Pages 48 et 49 :
« Sans aucun doute. On peut certes, de temps à autre, être victime de virus dans le monde Unix. Mais ils n’ont accès qu’aux fichiers sur lesquels moi, utilisateur, j’ai le droit d’écrire… pas aux données des parents ou collègues avec lesquels je partage la machine ; et en aucun cas aux applications ou composantes sensibles du disque. Donc, sauf s’il existe dans le système une porte d’entrée qui n’avait pas été détectée, ces virus ne peuvent pas causer trop de ravages. Et les défauts de sécurité, dans le monde Unix, sont rapidement corrigés. Du coup, les pirates trouvent beaucoup moins amusant de créer de nouveaux virus…
Par contre, dans le monde DOS/Windows, ainsi d’ailleurs que dans le monde Macintosh, un virus est un programme comme les autres. Il n’exploite pas de bugs ; il se base simplement sur le fait que tout le monde — y compris lui — a le droit de toucher au système d’exploitation. Alors, il peut modifier le système, en sorte que chacune de vos initiatives, par exemple ouvrir un fichier, ait pour effet de réaliser trente-six copies de lui-même. Et, en plus, il peut causer au système des dommages vitaux : modifier vos données, altérer la façon dont fonctionnent vos applications, effacer entièrement votre disque dur, etc. »
Outre le fait que Mac soit maintenant basé sur un unix, le reste de la tirade est toujours aussi vraie. En rajoutant au passage espiogiciels et autres saloperies de ce style.
Page 51 :
« […]Examinons de près cette intéressante histoire. Pour contrer le potentiel de Java — un langage de programmation qui permet de faire tourner une application sur n’importe quelle machine, même dépourvue des logiciels Microsoft —, l’éditeur de Seattle a inventé un autre langage, appelé ActiveX, conçu pour dialoguer spécifiquement avec les autres produits Microsoft. Ce langage permet en effet de lancer directement des applications Windows et d’échanger des informations avec elles. De cette façon, seuls les utilisateurs de Windows et d’Explorer peuvent accéder correctement aux sites Web qui utilisent ActiveX.
Le problème est qu’en poursuivant cette stratégie monopoliste, Microsoft a complètement négligé la sécurité des utilisateurs : alors que Java s’assure que les applications téléchargées en cliquant sur des pages Web ne peuvent pas faire n’importe quoi, ActiveX, lui, laisse toutes les portes ouvertes.
Les internautes sont loin de s’imaginer qu’en cliquant sur l’icône d’une page Web, ils autorisent leur machine à donner des ordres à leur insu. Les petits malins de Hambourg ont en effet montré qu’il était enfantin pour un escroc de concevoir une page Web qui, en utilisant ActiveX, devenait une machine à arnaquer le visiteur.[…] »
Ce qui a forcé Microsoft avec la sortie du MS-Windows XP Service Pack 2 en 2004 (et de l’Internet Explorer 6.0 SP2) a limiter au maximum l’utilisation de la technologie activeX.
Pages 66 et 67 :
« […]C’est en effet impossible… à moins d’aller dénicher un petit assembleur taïwanais, qui vous effectuera un assemblage à la carte. Mais alors, il vaut mieux savoir ouvrir le capot en cas de problème ! Ce qui veut dire que, si vous achetez votre machine en grande surface, en France chez Auchan, Carrefour ou tout autre revendeur important, vous n’échapperez pas à Windows.
Même absence de choix si, en tant qu’entreprise, vous cherchez un distributeur capable de vous signer un contrat de maintenance pluriannuel sérieux avec réparation de la machine sous 48 heures. La situation est identique aux États-Unis. Un étudiant du Center for American Public Policy and Politics de l’Université de Californie à Los Angeles, David Chun, a ainsi mené, en juin 1998, une enquête auprès des douze principaux revendeurs de PC aux États-Unis. Il a posé à Gateway 2000, Dell, Micron, IBM, Packard Bell, Hewlett-Packard, Toshiba, NEC, Sony, Unicent, Umax et Quantex les mêmes questions simples :
1. Puis-je acheter un PC avec un autre système d’exploitation que Windows ?
2. Puis-je acheter un PC, quel qu’il soit, sans acheter Windows avec ?
3. Si non, pourquoi ?
4. En cas d’achat, puis-je vous retourner Windows et être remboursé ?
Les conclusions de Chun sont formelles : « Sur les douze fabricants interrogés, pas un seul n’a voulu me vendre un PC, quelle que soit la marque, sans Windows. Et pas un d’entre eux n’était prêt à me proposer un discount si je leur renvoyais Windows pour me le faire rembourser» ! La plupart de ces constructeurs ont expliqué à David Chun que « leur contrat avec Microsoft exigeait qu’ils vendent Windows avec chaque machine ». Le plus cocasse est qu’IBM, qui a créé OS/2, un système d’exploitation concurrent de Windows, exige que ses clients achètent systématiquement une licence Windows… même s’ils déclarent haut et fort qu’ils ne souhaitent acquérir que l’OS/2 d’IBM ![…] »
Dix ans plus tard, la situation n’a pas beaucoup évoluée, ou très peu 🙁
Pages 75 et 76 :
« […]Cette pratique qui consiste à annoncer des nouveautés qui n’existent pas est monnaie courante dans l’industrie informatique, mais Microsoft en est le champion incontesté. Cela s’appelle le vaporware. Un bluff, ou l’équivalent hi-tech du « demain, on rase gratis ». On vous promet une poule demain plutôt qu’un œuf aujourd’hui. Et, en fin de compte, vous vous retrouvez avec un œuf demain plutôt qu’une poule aujourd’hui. Le consommateur renonce en effet à acheter des produits testés et bon marché, parce que Microsoft lui promet que, demain, il sortira un logiciel merveilleux, qui fera beaucoup mieux. Malheureusement, quand on s’appelle Microsoft, que l’on bénéficie d’un fort relais médiatique et que l’on vend à un public inexpérimenté, le vaporware empêche effectivement les concurrents de prendre des parts de marché auxquelles ils pourraient prétendre, ce qui donne le temps de mettre en place les mesures nécessaires pour les contrer.
Le premier exemple célèbre de vaporware c’est, en 1988, le lancement de Microsoft Word 3.0. Bill Gates montre alors un prototype de produit plein de failles, qui d’ailleurs plante sa machine…
Et pourtant, les gens renoncent après cette démo, à acheter le produit concurrent Word Perfect. Cette pratique se poursuit de nos jours : Microsoft expliquait, au printemps 1998, qu’il allait incessamment mettre en circulation une version bêta de son système NT 5.0 pour station de travail et serveurs, qui contiendrait toutes les fonctionnalités avancées du serveur Novell et mieux encore.
Mais, en octobre 1998, cette « merveille » n’est toujours pas sur le marché. La stratégie est claire : il s’agit d’inciter le client à déployer du NT 4.0 et à attendre les améliorations imminentes de la version 5.0… plutôt que d’opter pour des produits disponibles immédiatement, comme le NDS de Novell, ou des serveurs Hewlett Packard ou Sun, par exemple.[…] »
Depuis, nous avons eu droit au long développement de Windows NT 6 alias Vista, connu à l’époque sous le nom de code de Longhorn… Annoncé dès 2001 avec une date de sortie en 2004, il a fini par sortir début 2007…