Entre Giga et gibi-octet : pour les disques durs rétrecissent au formatage ?

C’est en farfouillant sur les forums d’ubuntu-fr.org, que je suis tombé sur les questions d’un utilisateur qui se plaignait d’avoir perdu 10 Go sur un disque dur. (http://forum.ubuntu-fr.org/viewtopic.php?id=63880)

C’est en lui répondant que j’ai été une nouvelle fois confronté à un problème assez courant : la différence de taille en un disque dur acheté et sa capacité réellement exploitable.

Si dans la vie courante, on considère avec raison que :

  • kilo = préfixe pour désigner un millier de quelque chose
  • méga = préfixe pour désigner un million de quelque chose
  • giga = préfixe pour désigner un milliard de quelque chose

C’est complètement faux en informatique. Et pour une simple raison.

Si l’homme compte en base 10 (en utilisant les chiffres de 0 à 9), l’informatique et l’ordinateur depuis sa conception ne connait que 2 valeurs : 0 et 1. En clair, soit le courant passe, soit il ne passe pas !

Donc, le kilo-octet, soit 2^10 octets ne vaut pas 1000, mais 1024 octets, soit 2,4% de plus.

De même, le méga-octet, soit 2^10 kilo-octets ne vaut pas 1 000 000 d’octets, mais 1 048 576, soit 4,8% de plus.

Enfin, pour le giga-octet, soit 2^10 méga-octets ne vaut pas 1 000 000 000 d’octets, mais 1 073 741 824, soit 7,3% de plus !

Or, si l’on regarde sur les disques durs qu’on peut trouver à l’achat dans les rayons de magasins ou chez l’assembleur du quartier, le giga-octet sera d’une taille de 1 000 000 000 d’octet.

Qui a tort ? Personne. Qui a raison ? A la fois l’informatique et le vendeur.

Car depuis les années 1990, une série de mesure dédiée à l’informatique est née. Il faudrait parler de Kibi, Mibi et Gibi-octet.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Unit%C3%A9s_de_mesure_en_informatique

Depuis que j’utilise l’informatique à titre personnel (ce qui fait environ 14 ans), je n’ai entendu parler de ces unités de mesure qu’il y a environ une année !

Dans l’exemple du posteur, il se plaignait que son disque voyait disparaître 10 Go… Ce qui sur un 80 Go commence à compter franchement 😉

Or, les 80 Go « commerciaux » ont une taille réellement exploitable de :

80 000 000 000 / 1 073 741 824 = 74,50 Go

Cette personne avait partitionné son disque en deux, une partition de 60 Go pour des données sous Windows, les 20 Go restants pour s’installer une Kubuntu.

Et si on prend la taille exploitable des deux partitions en question :

60 Go« commerciaux » => 60 000 000 000 / 1 073 741 824 = 55,87 Go

Tiens, on trouve 4,13 Go de différence…

Et avec la deuxième partition :

20 Go« commerciaux » => 20 000 000 000 / 1 073 741 824 = 18,62 Go

1,38 Go de différence… En additionnant les deux différence : 4,13 + 1,38 = 5,51 Go.

Additionnons maintenant les tailles exploitables : 55,87 + 18,62 = 74,49

Etrangement proche de la taille formatée avec une seule partition, non ? 😉

Il y a 7 ou 8 ans, certains magazines justifiait la différence de taille en l’information fournie par le constructeur et la taille réellement exploitable par le formatage qui mangeait une partie du disque.

Il faut dire qu’à l’époque, les plus gros disques devait faire dans les 8 Go commerciaux, soit 7,45 Go réellement exploitables, l’explication fumeuse pouvait encore passer.

Mais de nos jours, il n’est pas rare de trouver des machines équipées de disque dur de 200 Go « commerciaux », qui une fois formatés ne mesure plus que 200 000 000 000 000 / 1 073 741 824 = 186,26 Go… Rien que 13,73 Go qui disparaissent… Soit en gros 6,86% du total…

Peut-on encore justifier la différence de taille par le formatage ? 😉