Dans le commentaire d’un billet précédent Antistress m’avait dit : « Fred : tu devrais faire un billet sur les avantages/inconvénients d’un système 64 bits car le gens ne sont pas très au courant de cette possibilité (à commencer par moi…) »
J’ai donc décidé de faire ce billet, même s’il risque d’être un brin long, même si les avantages / inconvénients se résument à quelques lignes. Car un long rappel historique est nécessaire.
Première partie : le long combat des OS 32 bits.
Mais faisons-le, et commençons par un petit arrière plan historique : le long combat des OS pur 32 bits pour arriver sur le bureau de l’utilisateur lambda. Je me limiterais volontairement aux OS (ou pseudo-OS) d’une petite boite de Redmond, Etat de Washington, dans la région de Seattle.
Revenons déjà aux origines des processeurs 32 bits. En octobre 1985, Intel présente son processeur 80386 qui sera bientôt abrégé i386. Les premiers exemplaires sortent en 1986.
C’est l’un des premiers processeurs 32 bits grand public. Un de ses grands avantages ? Pouvoir adresser 4 GiO de mémoire vive. En 1985-1986, quand on avait 1 petit Mo, voire 2, on atteignait le bout de monde. En clair, on se contentait de 2048 à 4096 fois moins de mémoire vive que le maximum théoriquement utilisable.
A cette époque, MS-Dos est encore l’OS prioritaire sur PC, même si Windows connait ses premiers pas maladroit.
Il faut attendre 1992 pour que le premier OS pour PC en 32 bits sorte… Ce sera IBM OS/2 2.0.
De son coté Microsoft sort ce qui devait devenir à l’origine OS/2 3.0, à savoir Windows NT 3.1. C’est le premier OS de Microsoft entièrement 32 bits. Cependant, il est encore réservé au monde professionnel.
Entre temps, intel a sorti son 486 (vers 1989). 1993 : sortie du premier pentium, à 60 Mhz, plus que connu pour son bogue de la division en virgule flottante qui fit à l’époque les choux gras de la presse informatique.
De son coté Microsoft sort des versions NT (professionnelles) de Windows, toujours en 32 bits. Les utilisateurs lambda devant se contenter de Windows 3.1 et 3.11, simple surcouche graphique de MS-DOS.
1995 : Windows 95 sort. Comme ses sucesseurs que seront Windows 98 et 98Se, puis Millenium en 2000, ce sont des surcouches en 32 bits d’un coeur en 16 bits.
En clair : les PCs démarraient sous MS-DOS (7.0 pour Windows 95, 7.1 pour Windows 98 et 8.0 pour Windows Me). Ensuite, la partie graphique prenait le dessus, partie entièrement 32 bits.
2000 : sortie de Windows NT 5.0 alias Windows 2000 Pro. C’est surement l’un des premiers Windows NT vraiment utilisable par le grand public. Et je me souviens l’avoir utilisé avec énormément de plaisir.
2001 : sortie de Whistler plus connu sous le nom de Windows XP. C’est en réalité Windows NT 5.1, premier windows grand public entièrement 32 bits.
Donc, il aura fallu 15 ans pour que les OS « full » 32 bits s’imposent enfin sur les PC.
Deuxième partie : 2003, l’arrivée des processeurs grands public 64 bits.
C’est en 2003 qu’AMD frappe un grand coup et sort son premier processeur 64 bits – compatible 32 bits.
D’ailleurs pour la petite histoire, les instructions 64 bits sont connus sous le nom d’AMD64, même si Intel a repris ce jeu d’instructions sous le nom d’EM64T.
Et avec le 64 bits, la barrière des 4 GiO du i386 est explosée. On passe de 2^32 octets adressables (4 GiO) à 2^64 octets adressables, soit 18 446 744 073 709 551 616 octets, ou si vous préférez 16 TiO : 16 384 Go de mémoire adressable. Autant dire, qu’avec un adressage en 64 bits, on a de quoi voir venir durant quelques années.
Le site Ubuntu-fr.org a fait une liste des processeurs 64 bits sur cette page. Je cite :
Amd64:
* Tous les processeurs Athlon 64.
* Tous les processeurs Turion 64.
* Tous les processeurs Athlon X2.
* Tous les processeurs Turion X2.
* Tous les Amd Opteron.
* Tous les processeurs plus récents que les processeurs pré-cités.
* Tous les sempron en socket AM2
* Tous les sempron récents.Intel EM64T:
* Tous les Core 2 duo
* Tous les Core 2 quad
* Presque tous les Pentium D
* Les derniers steps de Pentium 4 (à partir des versions 6xx)
* Les nouveaux Pentium
* Les Xeon récents
* Les derniers Celerons
Donc, toute machine – ou presque achetée depuis 2006 – possède un processeur 64 bits.
Troisième partie : pourquoi un OS 64 bits ?
Ma réponse est simple : car il faudra passer aux logiciels en 64 bits un jour où l’autre. Même si les 16 TiO de mémoire adressables nous laissent de la marge, nombre de machines vendues de nos jours atteignent la barre fatidique des 4 GiO.
Même si des mécanismes comme la technologie PAE permettront encore durant quelques temps de contourner ce problème (en montant à un maximum de 64 GiO de mémoire utilisable), il ne faut pas se voiler la face. Cela laisse environ 3 à 4 ans, dans le meilleur des cas 5 ans avant que les OS 32 bits ne tirent leurs révérences sur les rayons des commerçants à cause de la taille de la mémoire contenu dans les machines.
Quand j’ai commencé à utiliser des PCs, en 1995, le haut de gamme coté mémoire vive, c’était 16 MiO. En 13 ans, la capacité haut de gamme a été multipliée par 256 fois…
Donc, si la même tendance est suivi pour les années qui viennent, les 64 GiO seront vite atteint. Je pense que d’ici la sortie de Windows Seven, le successeur de Windows Vista, ce sera le cas ou presque.
Pour résumer :
Avantages :
- exploiter les capacités de son matériel
- quantité de mémoire vive énorme
- calculs plus puissants
- c’est le futur de l’informatique personnelle
Inconvénients :
- absences de pilotes pour certains matériels
- certains logiciels non libre (greffon flash) répondent encore aux abonnés absent
- plus gourmand que les anciennes générations
La question n’est pas de savoir : oui ou non aux OS 64 bits, c’est de savoir quand la bascule se fera. Et quelque chose me dit que le grand public n’aura pas à atteindre 15 ans cette fois-ci 🙂